Glamping dans le Yunnan avec La Caravane Liotard

Abudje, lac sacré tibétain

« Une caravane à Shangri-la, ça vous dit ? »

Shangri-la, jusque l’an dernier, m’évoquait d’abord une chaîne d’hôtels, et Caravane une marque de beaux canapés. Alors les deux ensemble, ça pouvait donner quoi ? La sieste dans une Junior Suite?  Partante !

Pas si simple. On parlait en fait d’une rando de 4 jours et 3 nuits dans le Yunnan : plus de 60 km de trek avec passages de cols à plus de 4000m et un dénivelé que je n’ai même pas osé calculer. Le tout mené par l’équipe de La Caravane Liotard, fondée par Constantin, photo-reporter et écrivain toulonnais installé dans le Yunnan depuis douze ans et passionné par les récits d’explorateurs du siècle dernier. La caravane est d’ailleurs proposée dans cet esprit : les marcheurs sont accompagnés d’une quarantaine de chevaux qui portent sacs et matériel, les tentes sont ultra confortables et très déco, et les repas dignes d’un super restau. Le « glamping », par excellente donc, mix de camping et de glamour, très tendance depuis quelques années.

Saint-Jack le sportif a tout de suite été emballé, moi beaucoup moins. C’est qu’en dehors des trottoirs bordés de vitrines ou des espaces culturels je n’aime pas du tout marcher, et encore moins à la montagne (la quoi ???). Ma dernière balade remontait au moins à 18 mois, 2h30 au col des Aravis (dont 30 mn abrités dans une bergerie parce qu’il pleuvait, toujours ça de gagné !), et a confirmé l’idée selon laquelle « la marche c’est pas mon truc », blagues des copains sur le chemin et meilleure fondue de ma vie à l’arrivée mises à part. Pas une marcheuse donc. Ni une campeuse. Alors 60m de trek, même dans de très bonnes conditions, on ne peut pas dire que ça m’ait enthousiasmée tout de suite, même si je me doutais que cela serait magnifique.

Après quelques hésitations liées au temps de marche quotidien et au dénivelé du parcours j’étais ravie de pouvoir faire la caravane : 15 ans de Chine « des villes »  m’ont donné envie de vivre une expérience intense dans une région rurale et beaucoup plus sauvage. Je souhaitais aussi partager l’aventure avec Saint-Jack, partant de toutes façons, avec ou sans moi.
Pour être honnête, ce qui m’a décidée a surtout été la possibilité de faire une partie du chemin à cheval ! J’ai toujours adoré les chevaux et suis plutôt à l’aise en selle, donc on y va !
Et vraiment, j’ai A-DO-RE !

La rando était extraordinaire, avec des paysages à couper le souffle, une végétation très intéressante y compris en altitude, un bel effort, un bon groupe de copains (nous étions 9) et des accompagnateurs au top. L’arrivée au camp après la journée de marche était juste magique : les tentes étaient plantées dans les alpages, sous le soleil couchant : une tente par couple, un « spot à apéros », goûter et petit déj, une tente « cuisine » et une tente « salle à manger ». L’équipe mixte franco-tibétaine est vraiment très sympa, et c’est un bel exemple de coopération. J’avoue avoir eu quelques réticences avant le voyage à l’idée de faire porter mes sacs et tout le matos pendant que je marchais comme une princesse, mais cette collaboration de La Caravane Liotard avec les habitants du village qui louent leurs chevaux leur apporte un complément de revenu substantiel et la logistique est partagée ; y’a qu’à voir Guigui faire la vaisselle avant de lever le camp le matin et Constantin démonter les tentes après quelques petites heures de sommeil seulement. Car nous avons aussi fait la fête (certains plus que d’autres) avant, pendant et après la rando, avec un grand feu tous les soirs, une chouette sono, et même un écran de cinéma pour une séance en plein air, merci G et PL.

Pas mal de questions pratiques nous ont traversé l’esprit au moment de la préparation (du moins celui de ma cops et le mien), voici les FAQ au cas où le projet vous intéresserait :

– Est-ce très sportif ? / Faut-il se préparer ?
OUI. Sauf si vous êtes déjà un bon marcheur/runner/grimpeur, etc… L’effort physique a semblé assez difficile à la grande majorité du groupe, les deux qui l’ont trouvé plutôt facile étant quand même de bons sportifs. Je recommande d’être en bonne forme et d’avoir l’habitude de la marche. La troisième journée est la plus difficile, avec 8h de marche et deux passages de cols, mais l’arrivée en amont du lac Aboudje vaut largement l’effort.
J’ai essayé de marcher davantage six mois avant de partir pour m’entrainer un minimum et n’ai au final parcouru que 30 à 40% du voyage à cheval, mais clairement sans l’aide de ma monture deux demi-journées complètes je n’aurais pas réussi à faire toute la rando.
Attention cependant : les chevaux ne sont pas habitués à être montés (gros écarts lorsque je donnais un peu de jambes) et il n’est pas possible de les diriger soi-même (un peu frustrant mais c’est comme ça). Les selles en bois sont peu confortables, avec effet « toboggan » garanti dans la descente, accrochez-vous ! Il faut avoir à mon sens l’habitude de monter à cheval pour être à l’aise sur la rando.

– Et le mal d’altitude ?
Idem, cela se prépare, en arrivant à l’avance notamment. Nous avons d’abord passé deux jours et trois nuits dans la ville de Shangrila avant de commencer le trek , avec un super programme. Je m’étais tellement focalisée sur la rando que je n’avais pas réalisé que cet « avant » pourrait être aussi très intéressant, avec la visite du petit Potala, de différents temples, des petites randos pour se mettre en jambes et la rencontre des locaux, très accueillants. Personne dans notre groupe n’a souffert du mal d’altitude proprement dit (ceux qui ne pouvaient arriver plus tôt avaient pris un traitement), en revanche on ne dormait pas très bien et on s’est réveillés tous les matins avec un léger mal de tête.

– Faut-il beaucoup de matériel ?
Une liste précise est fournie par l’équipe de la Caravane Liotard. Il faut surtout de bonnes chaussures, des sacs à dos (un grand pour l’ensemble des affaires et un petit pour la journée) et des vêtements chauds et imperméables, just in case.

– Justement, et la météo ?
C’est très variable en fonction de la saison, et les caravanes ne partent pas en plein hiver car il fait trop froid. En juin nous n’avons pas eu froid du tout (avec une polaire et une doudoune le soir), mais un peu de pluie et un gros orage. On venait d’arriver au camp : hé hop une heure de repos pour tout le monde avant l’apéro. Les tentes sont chauffées au gaz, et il y a de bonnes couvertures tibétaines.

–  Est-ce faisable en famille ?
Dans une version light il est possible de faire des randos à la journée à partir d’un camp de base près de la Ferme Liotard, ferme tibétaine superbement réaménagée par Constantin et Phoebe, qui dispose de deux très belles chambres d’hôtes. Le programme est à définir au cas par cas

– Le budget ?
Il varie selon la formule choisie (Caravane Premium ou light) et le nombre de participants (12 personnes max pour l’instant). Certaines dates de caravane peuvent aussi être proposées pour les personnes qui n’ont pas encore un groupe constitué.

En conclusion la caravane a été un moment extraordinaire de notre aventure chinoise, je suis vraiment ravie d’avoir pu faire ce voyage…
Merci encore à toute l’équipe de la Caravane Liotard : Constantin et sa passion, Guigui et son sourire, Francky et sa cuisine, Lauzon et son cousin pour leurs chants tibétains autour du feu de camp, « Hor-ten-se » pour m’avoir prêté son cheval, Phoebe pour ses gâteaux et son accueil à la ferme et toute l’équipe des caravaniers pour leur appui logistique.
Merci aussi aux copains qui ont monté et fédéré le groupe, en insistant pour que je vienne. C’était pas gagné, et ça aurait vraiment été dommage…
Quelqu’un a déjà participé ? Vous avez aimé ? Ca vous tente sinon ?

Infos pratiques : www.caravane-liotard.com , info@caravane-liotard.com