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Télé, fille publique

Publié le 30 juin 2008 par Malesherbes
Etant donné les responsabilités, j'allais dire qu'il exerce, en fait qui lui sont imparties, notre Président bénéficiait à son entrée en fonctions d'un salaire confortable. Lorsqu'il annonça sa décision de le voir augmenté dans des proportions inconnues des salariés normaux, surtout pour un homme qui vit tous frais payés, je ne fus qu'à demi surpris. Son comportement dans les premiers jours de son mandat m'avait suffisamment édifié. Quand des sportifs célèbrent une victoire, ils la fêtent entre potes, dans des lieux de sportifs, avec leurs mœurs de sportifs. Nicolas Sarkozy, lui, l’homme politique, avait choisi de festoyer avec des amis industriels ou du show-business, tous bien nantis, au Fouquet's. Continuant sur cette lancée impériale, il transforma sa retraite annoncée en une croisière avec sa famille sur en yacht en Méditerranée, croyant diminuer le scandale en déclarant qu'elle ne coûtait rien à l'Etat. Rien sur l'instant, certes, mais plus tard, quand il devra témoigner sa gratitude ?
Il affichait ainsi de manière aveuglante, enfin sauf pour ceux qui ont des yeux et ne veulent pas voir, les moteurs de son action politique. Ce n'est pas seulement l'ambition, ressort légitime, ni la soif du pouvoir, qui peut le demeurer, mais l'amour de l'argent, qu'il partage ainsi avec nombre de tyranneaux du continent africain ou d'ailleurs. Ce qui m'a le plus saisi, c'est l'attitude de ses courtisans qui, tels la foule du conte d'Andersen, refusant de voir que le roi était nu, s'évertuèrent à nous expliquer que ceci était non seulement justifié mais même, à les en croire, honorable et, pourquoi pas, saint : cela ne changeait rien, de toute façon, les dépenses des règnes précédents étaient éparpillées dans différents comptes et ainsi masquées. On accédait ainsi enfin au règne de la transparence, à la fin de l'hypocrisie. Ils n'osaient pas le dire mais on sentait bien qu'à leurs yeux, c'était enfin l'honnêteté qui triomphait. Ben voyons ! Quand bien même une augmentation aurait été justifiée, et dans ce cas qu'on nous le démontre par un bilan comptable et non par des envolées lyriques, il est de la dernière indécence à manifester sa passion pour la thune, comme il dit, quand on exhorte tout un peuple à l'économie et la frugalité.
Voici maintenant que ces mêmes thuriféraires entonnent la même chanson à propos de la Télévision publique : étant donné que jusqu'ici, par de savantes manœuvres, le Président de la République parvenait toujours à placer à la tête de cette télévision l'homme de son choix, soyons francs et, pourquoi ne pas le dire, honnêtes, et confions lui la charge de cette nomination. En somme, jusqu'ici, par des menées obscures, le Président parvenait à ses fins, se comportant en voleur. Donnons-lui ce qu'il convoite et il ne pourra plus être suspecté de vol.
J'ai souvent constaté que, pour nombre d'entre nous, moi compris, lorsqu'ils ne peuvent plus régler leur conduite sur leurs principes, accordent leurs principes à leur conduite. Mais ce qui peut être toléré chez des individus n'est pas acceptable dans un Etat de droit. Même si je n'ai pas le pouvoir d'empêcher cette mainmise de l'Etat sur les médias, j'entends pouvoir continuer à crier que ceci est un abus de pouvoir, un vol. La télévision publique est notre bien commun, elle n'est pas une catin, prête à se laisser violer par le premier Président venu.

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