Certes, ce n'est peut-être pas très pédagogique, mais un apport plus modeste que les " 5 (portions de) fruits et légumes par jour " recommandées, entraîne déjà un effet bénéfique avec une réduction du risque cardiovasculaire et de décès, comparable à celle obtenue avec des apports bien plus élevés. Ces différentes analyses des données de la très large étude PURE (pour Prospective Urban Rural Epidemiology), présentées au Congrès 2017 de la Société européenne de cardiologie et publiées dans le Lancet, montrent pour l'alimentation, comme pour la pratique de l'exercice physique, qu'un peu, c'est mieux que rien et déjà beaucoup. Un point important car cette consommation plus modeste constitue pour les pays, régions et communautés plus démunies, une approche en Santé publique, déjà beaucoup plus abordable.
Cette analyse de la Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) study, une grande étude alimentaire portant sur 18 pays, et 7 grandes régions, révèle que même une consommation relativement modérée de fruits, de légumes et de légumineuses comme les haricots et les lentilles suffit à réduire considérablement le risque de maladie cardiovasculaire. En fait, il s'agit de la première étude à faire un lien entre l'accès aux fruits, légumes et légumineuses et le risque cardiovasculaire dans des pays différents et à niveaux de revenus très variés. Et si de précédentes recherches et de nombreuses directives alimentaires en Amérique du Nord et en Europe recommandent des apports de 400 à 800 g par jour, ces niveaux ne sont pas accessibles pour de nombreuses raisons (approvisionnement, points de vente, coût...) à la plupart des populations des pays à revenu faible ou intermédiaire.
L'étude PURE a documenté, via des questionnaires de fréquence alimentaire spécifiques à chaque pays, le régime alimentaire chez 135.335 participants âgés de 35 à 70 ans. Puis l'analyse a évalué les associations entre la consommation de fruits, de légumes et de légumineuses et le risque de maladie cardiovasculaire et de mortalité après une durée médiane de suivi d'un peu plus de 7 ans. Au cours du suivi, 5.579 décès, dont 1.649 décès de cause cardiovasculaire et 4.784 événements cardiovasculaires majeurs ont été recensés. Après ajustement pour les facteurs démographiques, de mode de vie, de santé et diététiques, l'analyse confirme que l'augmentation des apports en fruits, légumes et légumineuses est associée à une mortalité totale plus faible.
- Mais, plus important, une consommation de 3 à 4 portions par jour de fruits, légumes et légumineuses soit l'équivalent à 375-500 grammes par jour s'avère tout aussi bénéfique pour la mortalité toutes causes que des apports plus élevés, du type de ceux recommandés. Ainsi 3 à 4 portions de végétaux par jour réduit de 22% le risque de décès prématuré (à 7 ans).
- Ces bénéfices sont principalement attribuables aux fruits et aux légumineuses, précisent les chercheurs, l'apport végétal global n'étant pas significativement associé à ces résultats améliorés : plus précisément, vs + de 3 portions de fruits par semaine, une consommation de plus de 3 portions de fruits et de légumineuses par jour est associée à une réduction de 18% du risque de mortalité non cardiovasculaire et de 19% de réduction de la mortalité toutes causes.
En ce qui concerne les légumineuses, une consommation plus élevée a été associée à une réduction significative de la mortalité non-cardiovasculaire et du risque de mortalité totale : vs - d'une portion de légumineuses par mois, une consommation de plus d'1 portion par jour est associée à une réduction de 18% de la mortalité non-cardiovasculaire et à une réduction de 26% de la mortalité totale.
Enfin, la consommation de légumes crus vs cuits semble plus bénéfique : " les recommandations devraient mettre l'accent sur l'apport en légumes crus plus que sur les légumes cuits ", précisent les auteurs.
Bref, un niveau de consommation plus modeste permet des bénéfices de santé optimaux : le message est encourageant car il replace l'approche comme plus abordable. Ces résultats qualifiés de robustes et applicables à l'échelle mondiale, fournissent de nouvelles bases aux politiques nutritionnelles. Beaucoup de personnes dans le monde ne consomment pas et ne peuvent pas consommer une quantité optimale de fruits, de légumes et de légumineuses.
Ces données issues de l'étude PURE ajoutent à la preuve substantielle qu'un peu de fruits et de légumes frais, c'est déjà beaucoup pour la santé et la longévité.