Ces chercheurs de l'University of Western Ontario assurent pouvoir annuler un des effets négatifs de l'utilisation du cannabis chez les adolescents. On sait qu'à l'adolescence, le cerveau est encore en développement et que l'exposition au THC durant cette fenêtre de vulnérabilité entraine une réduction du neurotransmetteur GABA. En utilisant certains médicaments pour activer le GABA chez l'animal modèle de schizophrénie, l'équipe parvient à inverser les effets neuronaux et comportementaux du THC et à éliminer certains symptômes apparentés à ceux de la schizophrénie.
L'usage chronique du cannabis à l'adolescence est lié au risque de développement de maladies psychiatriques, comme la schizophrénie, à l'âge adulte. Jusqu'à cette étude, on connaissait mal les mécanismes sous-jacents, dans le cerveau. Ici, l'équipe canadienne identifie un mécanisme spécifique dans le cortex préfrontal expliquant une partie des risques en santé mentale associés à l'usage de cannabis chez l'adolescent.
L'exposition au THC à l'adolescence module l'activité du neurotransmetteur GABA dans la zone préfrontale du cerveau. Or GABA est un neurotransmetteur inhibiteur qui joue un rôle clé dans la régulation de l'activité excitatrice dans le cortex frontal. Des niveaux inférieurs GABA entraînent une hyperactivité des réseaux neuronaux qui induisent des changements comportementaux parfois proches des symptômes de la schizophrénie. C'est ce que démontre l'équipe chez l'animal : la réduction de GABA induite par l'exposition au THC à " l'adolescence " pousse les neurones à l'âge adulte non seulement à être hyperactifs dans cette zone du cerveau, mais aussi à se désynchroniser les uns des autres, une désynchronisation qui se traduit par des ondes anormales (ondes gamma). Cette réduction de GABA dans le cortex explique l'état hyperactif du système de dopamine du cerveau, un phénomène généralement observé dans la schizophrénie.
Des médicaments réactivant GABA inversent les effets neuronaux et comportementaux du THC et parviennent à éliminer les symptômes semblables à ceux de la schizophrénie. Ici la démonstration est effectuée chez le rat, modèle de schizophrénie. Ces données suggèrent qu'en cas d'utilisation chronique du cannabis à l'adolescence, en le combinant avec des composés qui stimulent GABA, il serait possible de bloquer les effets négatifs du THC.
Comment de telles combinaisons cannabinoïdes + stimulants de GABA peuvent être adoptées en pratique clinique pour traiter certains troubles mentaux dont l'addiction, la dépression et l'anxiété, c'est l'objet des prochaines recherches de l'équipe.Équipe de rédaction Santélog