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Oualou en Algérie, la chronique d'enquête !

Publié le 25 septembre 2017 par 7bd @7BD
Oualou en Algérie, la chronique d'enquête ! Titre: Oualou en Algérie Auteurs : Gyps (scénario), Lounis Dahmani (dessin), Drac et Reiko Takaku (couleurs) Editeur : La boîte à bulles Collection : Contre-pied Année : 2017 Pages : 64 Résumé : Nadir Oualou est détective privé dans la Seine-Saint-Denis. Une cliente vient le trouver dans la cave qui lui sert de bureau pour lui proposer une affaire : Partir en Algérie pour retrouver sa fille, Mina, retenue par son père, Saïd. Elle lui raconte son histoire et espère ainsi le convaincre d'accepter cette mission. Mais si il y a une chose que Nadir ne souhaite pas, c'est bien se rendre dans son pays d'origine. Après avoir écouté la pauvre femme, il refuse sans remords mais c'est compter sans sa mère, qui n'a pas l'intention de laisser son fils abandonner la veuve et l'orphelin ! Nadir campe fermement sur ses positions et... finit par s'embarquer pour Alger, à la recherche d'une jeune fille dans un pays qui lui est totalement étranger. Mon avis : Cette BD est l'occasion de découvrir un nouveau type de détective, qui n'a pas l'air plus qualifié que vous et moi pour faire ce métier, j'ai nommé Nadir Oualou. Mais c'est aussi l'occasion d'en apprendre plus sur l'Algérie et son histoire récente. Au travers de la recherche de Mina, de l'histoire de son père Saïd, c'est tout un pan de l'histoire Algérienne qui s'ouvre à nous. Une histoire à laquelle Nadir est aussi peu familier que nous. Une histoire complexe que ce récit tente de synthétiser, d'en faire ressortir les horreurs comme l'absurdité. Plusieurs lectures sont nécessaires pour bien retenir tout ce qui s'est passé sur ces trente dernières années. Mais ce récit, qui fait appel à l'humour pour faire passer son message, se lit facilement. Les situations poussées à l'extrême du rire permettent de désamorcer le drame latent, et si on se demande jusqu'au bout quel va être le fin mot de l'histoire, de rebondissement en rebondissement, on se laisse emporter par ce suspense.
Par contre, le rire étant présent, on ne s'inquiète pas plus que cela pour Nadir, électron libre balancé par le rythme des déclarations des uns et des autres. Ce personnage fait son apprentissage non de la vie mais de son pays d'origine. Et au travers de cet apprentissage, c'est le lecteur qui apprend. Quand la réalité rejoint la fiction... Car à l'image de ce pays qu'on peut voir et découvrir sous plusieurs angles, les intervenants de cette histoire ont chacun une version du récit, une partie de l'histoire, et une vision des événements, de la vie de Saïd, ce père en fuite. C'est là où le récit, selon moi, se révèle plus malin que prévu. Cette enquête oscille entre le présent et le passé, mais un passé déconstruit, éclaté dans les mémoires des uns et des autres, au fur et à mesure que Nadir progresse. Et finalement, on se demande s'il ne s'agit pas là d'un reflet de la situation actuelle, un pays dont chacun détient une partie de l'histoire, rendant toute reconstruction difficile. Mais je m'avance en terre inconnue. Ce qui est sûr, c'est que ce récit vous apprendra des choses. Et grâce au contraste des remarques de premier plan et des événements de second plan, vous aurez différentes occasions de rire. Plutôt de sourire, car on ne rit jamais à gorge déployée. On sourit des situations et du regard des uns sur les autres, des Algériens sur Nadir, de Nadir sur les Algériens. Tout cela montre une incompréhension dû à une méconnaissance de l'autre. Mais dans la bonne humeur. Et il est assez difficile d'aborder l'horreur dans la bonne humeur. Là, Gyps s'en sort bien, car derrière une blague, les crimes de sang ne sont jamais loin. Et les antagonistes de Nadir, quatre frères quasi-semblables différenciables par leur taille et menés par un petit nerveux, vous rappelleront sans doute un autre quatuor légendaire de la BD. Cette petite troupe, qui semble plus comique que dangereuse, se dévoile soudain au détour d'une case comme ce qu'ils sont, des criminels. Oualou en Algérie, la chronique d'enquête ! Le dessin de Lounis Dahmani correspondent à l'histoire, oscillent entre le drame et la comédie. Les personnages expressifs, dynamiques restent stylisés. Mais le rythme du récit nous entraîne toujours en avant. Les décors simples de prime abord, en couleurs, jouent pourtant souvent, discrètement, sur le contraste avec le noir. De nombreuses cases distillées placent les personnages en ombres chinoises. Dans les décors, ombres marquées, traits épais des contours, renforcent aussi l'impression d'une menace sourde qui pèse, dans ce pays où le soleil semble omniprésent et les espaces larges. Les couleurs posées comme des aplats fonctionnent très bien. Et la simple variation de la forme des cases pour passer du passé au présent permet de n'être jamais perdu. Cette BD simple à première vue aborde de manière soit discrète, soit tranchée plusieurs des problèmes de l'Algérie. Les auteurs balancent avec talent entre le stéréotypes et la réalité. Nadir Oualou est une belle manière d'aborder la complexité cachée de ce pays que l'on connaît trop peu. Zéda croise Nadir ! Oualou en Algérie, la chronique d'enquête ! David
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