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Sncf

Publié le 26 septembre 2017 par Rolandlabregere

Ce n’est qu’un détail. Un petit détail. La SNCF, emblème du patrimoine national, aime les charmes du marketing. Pour communiquer sur ses intentions, ses projets, son fonctionnement, ses pannes, et ses déboires, la SNCF se pose comme une marchandise. Ses annonces en gare et à bord des TGV emboîtent la tendance. Finie LA SNCF, voici SNCF ! SNCF tout court. SNCF tout simplement. SNCF ceci…, SNCF par là… SNCF, sans l’article !

Dans un monde de marques agressives, en prévision de l’arrivée de la concurrence, le changement doit être anticipé. En devenant SNCF, la vieille dame des transports ferroviaires veut être la reine des mobilités multimodales. Sur Twitter, l’article s’est évaporé depuis belle lurette comme une starlette en effeuillage fait tomber le haut. Quelques exemples pris au vol : « Aux portes de Paris, SNCF ouvre un de ses anciens hangars de 5 ha. L’Aérosol, le lieu éphémère à ne pas manquer cette saison #Streetart » ; « #GPStrat2017 SNCF remporte l’or dans la catégorie dispositif digital » (SNCFCompte certifié@SNCF  14 septembre 2017) ; « Journées européennes du patrimoine : SNCF vous ouvre les portes de 17 lieux emblématiques de son #patrimoine#JEP2017.» « Où ce qu’il bosse ton mec ? A SNCF », répond sans vergogne l’interpellée  ?  Essenceseffe, « J’ai bien connu son frère. » Dans un tutoriel visant à présenter le métier de conductrice et conducteur de train, on peut lire : « SNCF vous propose son premier MOOC consacré aux métiers de la conduite ! Que vous soyez néophyte ou expert, futur candidat ou simple curieux, ce cours vous enseignera tout ce que vous devez savoir du métier de conductrice ou conducteur de train. » « Pour qui il roule ton père ? » « Pour SNCF. » SNCF, mieux qu’un nom, une proximité complice d’une démarche câline.

La fin de l’article défini signe-t-elle l’entrée dans une modernité que l’entreprise ne voudrait pas découvrir avec retard ? Ce changement n’est pas, pour l’instant semble-t-il, dans la visière de Guillaume Pepy, pédégé de l’entreprise qui fait l’article, à l’ancienne, de sa boîte « La SNCF prépare pour ses clients un assistant personnel de mobilité » https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme- L’article est bien maintenu, même si de temps à autre, il est estimé qu’il dirige l’entreprise d’une main de fer. Il est le patron de La SNCF. Il ne dévie pas de cette ligne.

Le président de la République ne s’exprime pas avec la même certitude. Le Monde rapporte (7 septembre 2017) qu’Emmanuel Macron « propose de mettre fin au régime de retraite des cheminots.» Sans doute une illustration de son tropisme « essuie-glaces », le président garde l’article : « Pour être franc, je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n’est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIsiècle. ». En même temps, le président, dans la même intervention, a fait tomber l’article et pas qu’une fois : « Je pense que si SNCF, avec toute la force que vous représentez, sait s’adapter, elle sera le champion de la concurrence. » « Nous demandons à SNCF d’aller plus loin sur les réformes… » ; « SNCF a besoin que nous allégions sa structure financière, que nous accompagnons la rénovation du réseau existant. »

Tout s’éclaire d’un coup. La dénomination « La SNCF », c’est pour qualifier les lourdeurs, l’archaïsme, le côté Front popu qu’il faut liquider. « SNCF », c’est pour désigner l’avenir, le projet. Le cheminot contre le chic moderne. Au fait, il est président de quel pays Emmanuel Macron ? « De France ». La langue est bien un instrument politique. Emmanuel Macron pratique l’économie d’article pour signifier son ambition réformatrice. Comme il y avait le roi de France, il y a désormais le président de République.


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