Résumé :
Uchu Hoshino est un collégien plutôt taciturne. Il rencontre Alice Tsunomine, élève depuis 2 ans dans l'école mais ne connaissant pas encore tout le monde, lors de la rentrée. Celui-ci lui révèle alors que selon lui leur monde se trouve être un manga et qu’ils en sont les héros. A partir de ce moment, Alice remarquera des évènements auxquels elle n’avait jamais prêté attention, et surtout elle aura la désagréable sensation d’être toujours épiée.
Uchu aurait-il raison ? Qu’adviendrait-il si sa théorie se confirmait ? S’ils sont de véritables héros de manga, peuvent-ils mourir ?
Mon avis :
Voilà un manga qui ne manque pas d'originalité. On se demande même comment l'auteur a pu murir une idée pareille. Les mangas mettant en scène des Mangaka ou ayant pour sujet l'art du Manga lui-même sont nombreux comme Bakuman, La vie en rose, etc..., mais celui-là détonne par son coté ubuesque et 4eme dimension. Mais ce récit est aussi et surtout agrémenté de l'épice qui fait que tout fonctionne : la comédie romantique avec son triangle amoureux évidement (mais pour en savoir plus il faudra lire l'ouvrage!).
Extrait du manga page 208
Le style réaliste et le trait fin mais dynamique, voire nerveux, d'Ayako Noda permettent une immersion et un transfert total dans l'histoire. Le dessin de l'auteur semble vivant et en mouvement constant, ce qui est remarquable car, encore une fois, l'auteur brise le code et inverse la situation : le manga deviendrait réalité ! Les artifices du genre illustré tels que les onomatopées, enchevêtrements de cases, dessins ou images, etc..., sont discrets et prennent tout leur sens au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. Les trames sont elles aussi choisies de manière à ne guère y prêter attention afin de ne focaliser que sur les personnages. Parfois même les cases sont complètements épurées pour relever une tension, un suspens, ou accentuer un évènement. Ayako Noda a ainsi extraordinairement travaillé et usé de nombreuses techniques afin de capter l'attention du lecteur, tout comme l'enseignant doit le faire en regards de ces élèves dissipés. Et pour parfaire le tout, l'environnement scolaire de l'histoire nous conditionne à rester attentif.D'autre part les mises en scènes sont diablement suggestives, presque toujours en rapport avec les études et l'enseignement. On constate une sacré discipline, les classes sont parfaitement ordonnées, les bureaux alignés, les bibliothèques remplies et les tenues des étudiants sont toutes identiques ! Les enseignants sont, par contre, absents, souvent représentés par des ombres, sauf un. Et comme par hasard il s'agit du professeur de dessins Koichi Samejima. Le petit détail marquant sur les enseignants, et la discipline de fer inculquée au Japon, est cette entrée en classe de l'un des professeurs exigeant des élèves de saluer puis de s'assoir... Et les étudiants de s'y atteler. Le sérieux des jeunes du pays du soleil levant est aussi remarquablement illustré lorsque l'on aperçoit des chambres idéalement rangées, des bureaux studieux avec le matériel rangé façon 5S etc...
Extrait du manga page 7
La leçon de dessin donnée par le fameux professeur Koichi Samejima se révèle pleine d'humanisme, d'égards et d'attentions vis à vis des petites têtes..., euh..., brunes (non pas blondes...). Cette leçon tombe à pic dans le récit, car l'enseignant insiste sur la notion de volume à donner dans un dessin (par définition sur une feuille en 2D). De nombreuses allusions et/ou indices, selon que l'on voit les choses, sont suggérés à travers ce cours. C'est un vrai régal pour l'œil attentif et le cerveau vif du lecteur.Coté scénario, cela est bien construit, le récit se lit d'une traite, et au fur et à mesure de l'avancement, des évènements étranges et anodins apparaissent comme pour confirmer la théorie d'Uchu. Ceux-ci influent donc fortement sur le comportement des protagonistes qui finissent tôt ou tard par se poser les questions existentielles : Suis-je vivant ? Quel sens dois-je donner à ma vie ? Etc... Par ce biais, Ayako Noda, interpelle aussi le lecteur à la réflexion sur sa propre existence parmi les milliards d'individus. Elle nous donne une brillante leçon philosophique et humaine sur l'acceptation de son être, du regard des autres et surtout de la condition humaine (ou destinée). Elle montre ainsi que chacun est libre de ses actes, mais qu'ils ne seront jamais sans conséquences, et souvent jugés, interprétés, répétés ou pas etc... Elle nous définit et illustre merveilleusement bien le déterminisme et la causalité.
Extrait du manga page 42
Voilà donc un enseignement de sagesse, d'humanité, d'humilité, de fatalité, d'existence... Une superbe morale sur la vie. Merci madame la professeur !Ciao Yann
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