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Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a annoncé le 25 septembre au matin que le premier ministre avait pris la décision d'interdire le glyphosate d'ici la fin du quinquennat, pour tous les usages qu'ils soient professionnels ou non. Ce qui en soit n'était pas une excellente nouvelle car les décisions de fin de quinquennat finissent souvent aux oubliettes. Mais l'information a retenu l'attention car elle contredisait les propos du ministre de l'Agriculture Stéphane Travert tenus 24 heures plus tôt. Il annonçait que ce produit pourrait encore être utilisé pendant cinq à sept ans.
Finalement, Edouard Philippe est revenu le 26 septembre sur le sujet. Pour lui, une transition progressive est nécessaire car la France aurait bien du mal à se passer de ce produit selon lui. En France ce principe actif entre dans la composition de 178 produits autorisés." C'est avec le soufre, la substance phytopharmaceutique la plus utilisée par les agriculteurs, entre 7000 et 9000 tonnes par an, soit 30% des herbicides ", a précisé le premier ministre lors d'une séance de questions d'actualité au Palais Bourbon. "Arrêter brutalement l'utilisation de ce produit dont l'agriculture est largement dépendante est donc évidemment difficile, a-t-il poursuivi. Nous allons organiser une transition progressive et irréversible du glyphosate car il n'existe pas à l'heure actuelle de produit de substitution au glyphosate" a précisé Edouard Philippe qui a demandé à Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique et à Stéphane Travert de proposer, à la fin des Etats généraux de l'alimentation, une stratégie de sortie du glyphosate.
De 7000 à 9000 tonnes de glyphosate épandues chaque année
Le contexte européen risque de peser encore sur la décision française. Le glyphosate est en cours de réautorisation par la Commission européenne. En mai, elle s'est dite favorable à une prolongation de 10 ans. Les Etats membres doivent prendre une décision à ce sujet avant la fin décembre, date à laquelle expirera l'autorisation de mise sur le marché de l'herbicide.
Une centaine de membres de la FNSEA, syndicat patronal agricole majoritaire proche du milieu de l'agrochimie, ont manifesté à Paris le 22 septembre pour le maintien du glyphosate afin de faire pression sur la Commission européenne et le gouvernement français. Une manifestation critiquée dans une tribune par l'eurodéputé José Bové qui y voit la revendication d'un " droit à violer la loi ". En effet, selon lui, beaucoup d'agriculteurs utiliseraient cet herbicide, en plus des usages normaux, pour " griller les cultures avant la récolte " et " accélérer le travail des moissonneuses-batteuses " alors que cette pratique est interdite depuis les années 2000.
Le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), une structure de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé en 2015 le glyphosate comme cancérogène probable pour l'homme. Des analyses menées en Europe et aux Etats-Unis ont montré que des résidus de cet herbicide ainsi que certains de ses produits de dégradation, sont présents dans l'eau de consommation, dans de nombreux aliments ainsi que dans les urines humaines.
Anne-Françoise Roger