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Ils parlent si bien de l’indépendance : mecs a talent !

Publié le 05 octobre 2017 par Fabianus
ILS PARLENT SI BIEN DE L’INDÉPENDANCE : MECS A TALENT !

La Catalogne, riche de ses certitudes, de sa langue et de son économie (elle concentre 20 % de la richesse nationale de l’Espagne) a bravé l’autorité de Madrid. Elle a organisé un référendum sur son indépendance. L’autorité centrale a réagi en envoyant les forces de l’ordre, épine martiale aux relents de franquisme dans la chair vive d’une démocratie locale.

Sous la surveillance d’hélicoptères, mais sans user des tanks à talents (des temps catalans) la force a frappé de son plus bel élan militaire : urnes dérobées, descente de police dans les écoles transformées en bureau de vote, femmes jetées à terre, êtres bousculés.

Malgré la démonstration de coercition le scrutin s’est maintenu là où il pouvait respirer et le résultat est sans appel : 90 % de « oui » à l’indépendance chez les 2,26 millions de votants (42,3 % de participation).

Le président indépendantiste catalan, Carles Puigdemont, se sent renforcé dans son combat qui l’oppose au roi d’Espagne Felipe VI. En réaction, le monarque n’a pas mâché ses mots, déclarant le référendum illégal et affirmant son devoir « d’assurer l’ordre constitutionnel » face aux dirigeants catalans qui « prétendent déclarer illégalement l’indépendance ».

De jure, le référendum est illégal car, selon l'article 1 de la Constitution espagnole, «la souveraineté nationale réside dans le peuple espagnol». La souveraineté appartient à tous les Espagnols et le «droit à décider» revient à toute la nation dans son ensemble. La partie ne peut décider pour le tout.

En d’autres termes, une petite région, aussi prospère soit-elle, ne peut décider unilatéralement de faire adopter un référendum pour décider de son indépendance.

Mais, de facto, les catalans se sentent, plus que jamais, en droit de se sentir fiers de ce qu’ils veulent déjà appeler « leur pays ». Avec Barcelone, attrait touristique, avec ses industries chimiques et automobiles, avec son agriculture généreuse, la région catalane ressemble déjà à un petit état !

Mais Madrid n’en démordra pas : l’unité hispanique doit être conservée à défaut de sombrer dans la fracture ! Mais cette fracture n’existe-t-elle pas déjà ? En utilisant la force, le pouvoir royal a définitivement perdu de son crédit comme il a perdu ses prérogatives en laissant à l’Europe des pouvoirs régaliens (ainsi que les abandonnent tous les pouvoirs des pays membres de l’UE).

Aussi, en prenant du recul, on ne peut que percevoir une des conséquences de l’unification européenne. A force d’affaiblir les états en leur privant de certains droits (parfois avec leur consentement) Bruxelles favorise l’émergence d’un régionalisme qui se dit : « l’état ne peut plus rien donc gagnons en autorité, émancipons-nous et quittons cette Europe qui phagocyte ! ».

Quelle que soit l’issue de ce bras de fer entre Madrid et Barcelone, on est en droit de penser que l’Europe des régions se met en marche. Depuis plus de 20 ans, le drapeau aux 27 étoiles (adieu la Grande Bretagne) a flotté dans le sens d’un vent favorable aux particularismes. En 2015, à titre d’exemple, fut élaborée la Charte des langues régionales et minoritaires.

L’appauvrissement juridique des Etats, quelque peu programmé, se retrouve bel et bien au cœur de la problématique catalane et l’arme se retourne contre l’Europe.

Comme dirait ma voisine, bretonne militante ayant épousé un catalan lui-même cousin d’un basque dont l’oncle corse a longtemps milité pour le FLNC :


-   Les minorités européennes ont de l’avenir. Il y a 40 ans, on rêvait d’une Europe sans frontières. Désormais on en fabriquerait presque à l’envi !



Ils ont frappé franco Sans distinction des êtres Comme des desperados Laissant force paraître Ils ont saisi les urnes Frappé sans contenance Le soleil taciturne Brilla par son silence
Ils ont blessé la femme Et molesté l’enfance Animé d’une flamme D’anti-Indépendance Au nom de l’Unité De l’Espagne éternelle Ils ont violenté L’utopie fusionnelle
Jamais référendum Ne fut autant cloué Dans un noir décorum Pour illégalité Les yeux de Felipe Ont brillé de colère Contre les acharnés D’un Graal identitaire.
Le roi, garant sacré De la constitution De souveraineté Doit défendre le nom Son ire à la hauteur Du défi catalan A porté la terreur Au cœur des arrogants !
Et le bras séculier En Rajoy Mariano Porta le coup d’épée Sur les chants illégaux Sur tous ces cantilènes Aux accents catalans Prônant la souveraine Province des géants !
Car l’aire de Barcelone Se vêt de majesté Par l’industrie qui prône Sa productivité Par l’éclat du tourisme Les fruits de son verger L’argent du gigantisme Aux doigts de ses banquiers.
Alors l’indépendance De ce productivisme Porterait l’impudence D’un parfum d’égoïsme L’hispanisme a besoin De cet écrin fertile Et prendra tous les soins Pour le garder servile.
Puygdemont n’entend pas Les discours madrilènes Et les royaux appâts Qu’ont entachés les haines. Il ira jusqu’au bout Arborant le scrutin Qui fait tordre le cou Aux pouvoirs jacobins. De Giron à Cadix On mesure l’ampleur Des brisures de rixes La fracture et la peur Ce vilain bras de fer Un empire menace L’unité de travers Se débat dans la nasse.
Et l’Europe hébétée Voit un de ses enfants Sous menace avérée D’un bel éclatement En feignant d’avoir mis Au cœur de chaque Etat Des carcans endurcis Tant de freins aux combats
Tant de droits régaliens Retirés aux nations Pour forcer le destin A sourire aux régions. Quand suzerains vacillent Sous le joug de Bruxelles Les vassaux se rhabillent De synergies nouvelles.
Le mot régionalisme Au vent gonfle ses voiles Et voguant d’îles en isthmes Sous vingt et sept étoiles Accoste sur la plage Sablée d’autonomie Mais rêve d’un rivage Ouverts aux utopies
Il reprend sa croisière Au gré des alizés Qui dressent sa bannière De nef inféodée Il naît dans le sillage Cette écume qui danse Au plus fort d’un voyage Droit vers l’indépendance...  

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