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Pour ne plus voir dépérir le service public hospitalier!

Publié le 06 octobre 2017 par Particommuniste34200

Lettre à Madame la ministre

POUR NE PLUS VOIR DEPERIR LE SERVICE PUBLIC HOSPITALIER

Par Claire Gekiere psychiatre hospitalier en Savoie, signataire de la « Lettre ouverte de médecins hospitaliers à Madame la ministre des Solidarités et de la Santé « 

Nous nous retrouvons,après trois lois hospitalières (hôpital 2007,HPST et loi de santé de 2016), avec à la fois une dégradation du service hospitalier et un management destructeur et contre-productif qui met à mal tous les personnels.

C’est la logique du résultat et de la performance,qui s’imposent comme un mode de gouvernement: le recueil incessant de données chiffrées et leur mise en avant ne sont pas une aide aux choix politiques mais la source même de ces choix, qui permet d’affirmer qu’il n’y a pas d’autre choix que de  » faire des économies » devant le  » trou « de la Sécu, alors même que celui-ci est politiquement construit. Les conséquences sur le travail et la santé des personnels sont très importantes. Les personnels, y compris les médecins, se sentent à la fois dépossédés du sens de leur travail ( un collègue s’est entendu dire  » vous n’êtes pas là pour faire de la médecine mais pour faire rentrer du fric dans cet hôpital « ,et le terme de  » parts de marché  » est devenu d’un emploi courant pour parler de la place d’une discipline médicale ), et traités comme des producteurs de soins interchangeables. Les dégâts de ce new public « ravagement  » ne sont plus à démontrer, n’hésitant pas à disqualifier, agresser, culpabiliser et à rendre paradoxal le travail. Obtenir l’accord des gens pour des mesures qui les mettent à mal collectivement ou personnellement entraîne résignation ( avec son cortège de somatisations ou de désintérêt, pour le travail mis à distance pour se protéger) , burn-out ou révolte, comme notre lettre ouverte signée par déjà plus de 450 médecins hospitaliers en région Auvergne-Rhône-Alpes (ARA) qui demandent à rencontrer la ministre de la Santé.

En psychiatrie, par exemple, on comprend facilement que la fermeture ou le regroupement de centres médico-psychologiques diminuent l’accès aux soins, avec des territoires moins desservis.

En psychiatrie encore, les réductions budgétaires s’accompagnent souvent de restructurations de l’organisation des soins, avec une tendance à revenir alors aux regroupements par pathologies ( par exemple, mettre ensemble les personnes âgées, les autistes, les « malades

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perturbateurs  » ), dont nous étions sortis progressivement depuis le XIX siècle! Dans tous les hôpitaux, il devient évident que des personnels qui travaillent à flux tendu ( dans beaucoup de CH l’effectif dit de sécurité est devenu l’effectif habituel ), et sont donc fatigués, vont bien moins accueillir et soigner. Les quelque 450 médecins de la région ARA signataires de la Lettre ouverte à notre ministre demandent à être reçus pour que cesse cette situation. Sur le plan budgétaire, il faut d’urgence arrêter les plans d’économies en cours sur l’hôpital public.Il faut abroger les trois dernières lois hospitalières parce que l’hôpital n’est pas une entreprise qui produit des soins sur un mode concurrentiel, parce que nous ne sommes pas des machines et que la santé n’est pas une marchandise. Cela passe, entre autres, par le retour des contre-pouvoirs à l’hôpital, des instances comme la CME qui doivent redevenir décisionnelles et pas à peine consultatives, des médecins nommés pas seulement par les directeurs… L’hôpital doit retrouver une finalité soignante et non gestionnaire, en lien avec une Sécurité Sociale solidaire: cotiser à proportion de ses moyens et recevoir des soins selon ses besoins.

Dans le Journal L’Humanité du 6 octobre à la rubrique TRIBUNE LIBRE



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