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« Bordel » organisé

Publié le 09 octobre 2017 par Jean-Emmanuel Ducoin
Ce mardi, les fonctionnaires sont donc dans l’action à l’appel de la totalité des neuf fédérations syndicales qui regroupent les 5,4 millions de salariés des trois secteurs concernés (État, hospitalier et territorial). Un événement considérable. « Bordel » organisé Le «bordel», ça s’organise. C’est même à ça qu’on reconnaît l’esprit français. Dans son genre, Emmanuel Macron aura réussi un bel exploit dans l’histoire sociale récente, que nous mettrons pour une fois à son crédit. En quelques mois d’exercice, il a reconstitué une unité syndicale qui n’avait plus été observée dans la fonction publique depuis au moins dix ans. Ce mardi, les fonctionnaires sont donc dans l’action à l’appel de la totalité des neuf fédérations syndicales qui regroupent les 5,4 millions de salariés des trois secteurs concernés (État, hospitalier et territorial). Un événement considérable, à la mesure du moment et des enjeux. Et bien que leurs revendications soient en apparence «catégorielles», elles concernent chacun d’entre nous, ce qui nous permet d’écrire en toute conscience: les fonctionnaires entrent dans la danse! Pour le dire autrement, le front «social» anti-Macron s’élargit. Mieux, les agents publics montrent l’exemple de l’unité, en quelque sorte, d’autant qu’il ne s’agira pas d’une «simple» journée de grève et de mobilisations afin de réclamer l’ouverture d’«une véritable négociation salariale», mais bien d’un mouvement large pour défendre – en général – l’avenir des services publics, ce bien commun de tous, à commencer par ceux qui n’ont rien ou si peu…  Les observateurs avisés l’auront constaté aisément, ce 10 octobre arrive dans un paysage social pour le moins particulier. Alors que les Français déclarent de plus en plus massivement «soutenir» les grèves et les manifestations contre les ordonnances cassant le Code du travail, beaucoup de syndicalistes, comme Philippe Martinez, espèrent voir l’émergence d’une «journée unitaire» dans tout le pays pour «fédérer les mécontentements». Macron a peur d’une telle perspective. Et il a raison. Le 20 novembre, le Parlement devrait ratifier «ses» ordonnances. D’ici là, celui qui prétend avoir lu Ricœur pourrait découvrir à ses dépens qu’il n’y a pas de démocratie quand il s’agit d’imposer aux citoyens l’injustice sociale (Bourdieu, Castoriadis, etc.). Il est ainsi parfaitement démocratique de penser à toutes les ripostes. Et même d’organiser ce qu’il nomme «le bordel». Y compris dans la rue. [EDITORIAL publié dans l’Humanité du 10 octobre 2017.]

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