La première fois que j’ai rencontré Floriane Fosso, c’était à Cannes en mai dernier, où la jeune créatrice avait installé un showroom en marge de la cohue festivalière. Tout juste entrée dans ce mini riad superbement décoré, Floriane m’a paru avoir tout d’une grande. Sourire aux lèvres, assurance loin de celle d’une débutante, créatrice et battante comme une entrepreneuse qui donne tout – avec intelligence… J’ai eu envie de l’interviewer à Paris. Et puis ce n’est pas sans l’aide précieuse d’Annie, son attachée de presse qui, aussi gentille que performante, nous a permis de nous revoir.
Véritable ambassadrice de la slow fashion, autrement dit, une manière plus douce et plus durable d’acheter ses vêtements, Floriane Fosso arrive à jouer de tissus haut-de-gamme pour des collections accessibles, que l’on peut porter de jour comme de nuit. Ses jupes longues, ses t-shirts tout doux, ses blousons à la fois rock’n’roll et élégants m’ont tout de suite charmés. J’en porte d’ailleurs un sur les photos du Festival de Dinard où j’ai eu la chance d’être jury pour les courts métrages.
Festival de Dinard, octobre 2017. Photo de Sébastien Vincent.Comment est née ta marque éponyme, Floriane Fosso ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?
Floriane : J’ai 26 ans, je suis franco-camerounaise, j’ai lancé ma marque à la fin de mes études. Je me sentais entrepreneur dans l’âme, j’avais besoin d’exprimer mes idées. Et puis dans la mode, j’avais envie de revenir aux sources, c’est-à-dire à de belles matières, une fabrication locale et des collections exclusives. J’ai toujours eu comme dada de créer des pièces luxueuses mais accessibles. Une fois les envies posées, je les ai mêlées à mon ADN de Parisienne cosmopolite !
Le luxe accessible, c’est vraiment possible ?
Floriane : C’est possible oui ! (rires). Je le fais grâce à la récupération de tissus de haute couture. Mes matières sont belles, les clientes sont ravies. Par exemple, une très grande marque part sur un mood board vert, finalement ils changent d’avis, le fournisseur se retrouve avec 500 mètres de tissu et donc, avec l’accord de la marque, il les revend. Je récupère donc des matières qui n’ont pas été utilisées, qui sont neuves, avec un très beau travail.
J’ai toujours eu comme dada de créer des pièces luxueuses mais accessibles.
On a envie d’en savoir plus, comment travailles-tu tes collections ?
Floriane : La joie de mon métier, c’est qu’il n’y a pas une journée qui se ressemble ! Je peux être au showroom, en rendez-vous presse, avec ma petite valise en train de courir chez les fournisseurs, travailler avec les modélistes, etc. Je me déplace beaucoup ! Je vais pas mal à Lyon car je travaille avec un atelier de cuir, pour des sacs de ma marque. Et ensuite, il faut présenter les collections aux boutiques, aux concept stores.
Je crois avoir compris que ta marque était 100% made in France.
Floriane : Oui, à 100% sauf pour les sweats et les t-shirts, qui sont produits en Asie mais c’est une fabrication ‘fare trade’ en coton bio. L’essentiel pour moi, c’est d’avoir une approche slow fashion. En fonction du projet, du produit, j’essaie de voir comment il est possible de le faire, dans les meilleures conditions possibles.
Qu’est-ce que la slow fashion ?
Floriane : La slow fashion, c’est un retour au vrai luxe, c’est revenir à des produits qui durent. Ça prend plus de temps c’est sûr, donc forcément on ne peut pas enchaîner huit collections toutes les semaines ! Ça, c’est de la fast fashion. C’est possible de garder des tenues pendant deux saisons, je crois que tout le monde peut jouer sur des demi saisons, c’est important même dans nos consommations.
Qui t’inspire dans tes créations ou ta vie de femme au quotidien ?
Floriane : À l’origine, je viens des Cours Simon, j’ai fait du théâtre, j’ai toujours été dans ce milieu du cinéma, alors des réalisateurs aussi talentueux que Pedro Almodovar ou des actrices comme Penelope Cruz m’inspirent. Finalement, c’est ça la femme d’aujourd’hui pour moi, c’est cette personnalité forte, cette beauté. Sinon dans la mode, j’ai toujours été inspirée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, ils sont un modèle de réussite pour moi. À la base, c’était un jeune créateur, il a tout donné, ses rêves, ses illusions et… ses troubles.
L’essentiel pour moi, c’est d’avoir une approche slow fashion.
Est-ce compliqué d’être une jeune créatrice à Paris ?
Floriane : Oui c’est dur mais même si ça fait cliché, c’est ma force, ma signature. Cette différence, je dois la saisir, ne pas me laisser enfermer. Mon copain me dit souvent « Tu n’es pas telle marque d’un grand groupe donc ne fais pas pareil, distingue toi au maximum ». Mon objectif c’est donc l’innovation, la différence ! Je suis allée au Festival de Cannes, alors que ma marque n’avait qu’un an d’existence. On l’a fait différemment, notre position était celle d’un outsider, et ça a beaucoup plu. Finalement, les gens attendent cette différence !
Pour toi, la femme Arrogante porte quoi ?
Floriane : Tu es arrogante pour moi quand tu portes ce qui te plaît, que tu te moques des regards, que tu joues sur des coloris vifs, des motifs dans tous les sens… L’arrogance finalement, c’est osé être ethnique, fière de ses racines, de ses couleurs. Pour moi, la Parisienne, métissée ou pas, elle n’est plus celle de Saint-Germain-des-Prés, elle vit avec des amis de toutes les nationalités, et ça, il faut le dire. Elle a changé !
Pour + d’informations :
Le site de Floriane Fosso
De 49 à 500 euros.
Palais Royal Store, 39 rue de Montpensier dans le 1er, à Paris.
Ouvert du mardi au samedi, de 10:30 à 19:30