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Faut-il arreter l’utilisation des sachets plastiques ou pas?

Publié le 11 octobre 2017 par Fsavoeda

Etat des lieux sur l’utilisation des sachets plastiques au Bénin et ailleurs

FAUT-IL ARRETER L’UTILISATION DES SACHETS PLASTIQUES OU PAS?Ré’cipient par excellence, sac ou emballage, les sachets plastiques sont, au Bénin, utilisés en grande quantité.

Pratiques et moins coûteux, ces sachets plastiques, pourtant non biodégradables, ont atteint une utilisation hors norme. 99% des déchets ménagers contiennent des sachets plastiques non biodégradables. Chaque année, entre 500 et 1000 milliards de sachets plastiques sont utilisés dans le monde, selon une enquête de Green Berry. Selon CREPA (2011) au Bénin, l’importation des sachets plastiques avant les années 2000 a progressé de plus d’un million de kilogrammes en quatre ans.

Selon l’association anglo-saxonne « Reuse it », la planète consomme un million de sacs de caisse par minute, c’est-à-dire 500 milliards par an au bas mot. Les Français et les Belges en utilisent respectivement 17 milliards et 3 milliards par an. Avant l’interdiction faite en 2001, le Taiwan utilisait 16 millions de sacs plastiques par jour. Les quelques statistiques africaines recueillies donnent pour le Maroc 10 525 tonnes de sacs en plastiques et quant au Nigéria avec ses villes « Pure Water » dont Lagos à elle seule, déverse journellement environ 20 millions de sacs plastiques et 70% finissent leur course dans les caniveaux, ruisseaux et l’Océan Atlantique.
Un peu partout dans les grandes villes du pays notamment Cotonou, et aussi léger que soient ces sachets, ils jonchent les sols, les plages, le long des rivières et même dans les arbres. Si la pollution visuelle est la première conséquence, elle n’est que la partie visible de l’iceberg.
Bien que serviable, et facilement utilisable, les sachets plastiques ne restent pas sans répercussions sur l’homme et son environnement. Une étude publiée sur SIEDMO a montré que les sachets plastiques, dont la durée de vie varie entre 100 et 400 ans en fonction des conditions, influencent beaucoup le milieu de vie et leurs conséquences énormes et multiples vont de l’environnement à la santé humaine.
IMPACTS DES SACHETS PLASTIQUES SUR L’ENVIRONNEMENT:

FAUT-IL ARRETER L’UTILISATION DES SACHETS PLASTIQUES OU PAS?
Pollution esthétique ou visuelle : Les sacs plastiques une fois utilisés, se retrouvent par centaines de millions dans la nature, très souvent jetés et/ou transportés par le vent. Ils sont un peu partout, dans les grandes villes surtout, où ils jonchent les sols, les plages, le long des rivières et même dans les arbres, entrainant ainsi une dégradation des paysages et une destruction de la biodiversité.
Pollution atmosphérique : Les populations africaines et en particulier celles du Bénin pour réduire les sachets plastiques dans l’environnement procèdent simplement à leur incinération, faute d’infrastructures de recyclage et de traitement de ces déchets : on parle de relargage ou d’émanation. Cette pratique libère du gaz carbonique et de la vapeur d’eau, renforçant l’effet de serre et contribuant ainsi au phénomène de réchauffement climatique qui constitue l’un des problèmes environnementaux majeurs pour lesquels le monde entier se mobilise. De plus, l’incinération de ces sachets plastiques libère dans l’atmosphère des Composés Organiques Volatils (COV) comme le Monoxyde de Carbone (CO) qui est un gaz très toxique et dans certains cas de produits tels les métaux lourds (plomb, cadmium, …) qui servaient à les stabiliser et/ou à les colorer et les Composés Organochlorés (dioxines et furanes). Selon les pompiers, « dix kilos de plastique qui brûlent, font 25 000 mètres cubes de fumées ».
Modification des écosystèmes aquatiques : Les sachets plastiques, dans le milieu aquatique, provoquent une modification des écosystèmes. En effet, ils empêchent la lumière, pourtant nécessaire pour la photosynthèse des organismes végétaux, de pénétrer dans l’eau. Conséquence, le développement des plantes aquatiques prend un coup, la vie des animaux herbivores aussi.
Pollution marine : Dans les années 1980, il a été constaté que des milliards de petits fragments de plastiques étaient présents jusque dans l’océan Austral, bien au sud de la convergence antarctique, en mer de Ross. Il en a été trouvé depuis dans toutes les mers du globe. On ignore quels impacts environnementaux ils peuvent avoir à moyen et long terme, en particulier quand ils se dégradent en petites particules. Sur la rive nord de la Méditerranée, au large des grandes agglomérations, les déchets solides, constitués à 75 % de plastiques, infectent les fonds marins.
Menaces sur les animaux et les végétaux : Les plastiques flottants deviennent des déchets marins qui, même dans des zones éloignées tuent des espèces protégées et menacées. La tortue marine, espèce en danger, s’étouffe avec des sacs plastiques qu’elle prend pour des méduses. Les cétacés et les thons aussi prennent ces sacs comme des proies et les ingèrent. Un autre exemple est celui de nombreux albatros qui meurent, le gésier et l’estomac pleins de dizaines de jouets et objets en plastique (bouchons, morceaux de stylos, gadgets et autres jouets pour enfants, débris de récipients, etc.), qu’ils ont ingéré en mer ou que leurs parents leur ont apportés au nid. Selon une étude publiée en 2011 par l’Institut océanographique de San Diego (Californie), on trouvait en 2009 des morceaux de plastique ingérés dans 1 poisson sur 10 dans le Pacifique Nord, et les poissons vivant aux profondeurs moyennes en ingéreraient 24 000 t/an environ.

Selon le Ministère des Ressources Animales du Burkina, environ 30% de la mortalité du bétail est attribué aux sachets plastiques suite à leur ingestion par les animaux. Au Togo, il a été constaté que des poulets et moutons élevés meurent d’occlusion stomacale après avoir confondu des bouts de plastiques à des vers de terres et à des feuilles.

Outre cela, chez les végétaux, ces sacs plastiques asphyxient les sols et constituent un frein à la croissance végétale favorisant ainsi la désertification.
Inondations : Des recherches ont montré que la mauvaise gestion des sachets plastiques peut également provoquer des inondations, avec le bouchage des conduites d’eau de ruissellement. Et à Cotonou, la capitale économique, cette situation accroît les risques, du fait de l’occupation des passages naturels de l’eau par les habitations.
Glissement de terrain : Forts de leurs longévités, les sachets plastiques s’accumulent dans le sol pour former des couches successives. Le sol devient donc instable et il en résulte des glissements de terrain comme ce fut le cas dans nombres de pays du tiers monde où on a eu à déplorer des morts.
Pénurie d’eau : Il faut noter en outre que les sachets plastiques sont aussi en partie responsables de la pénurie d’eau. L’explication nous permet d’affirmer que l’assèchement des puits et forages est aussi la conséquence d’une mauvaise gestion des plastiques usagers qui, enfouis sous le sable, empêchent l’eau de s’infiltrer dans le sol pour atteindre les nappes phréatiques.

FAUT-IL ARRETER L’UTILISATION DES SACHETS PLASTIQUES OU PAS?

IMPACTS DES SACHETS PLASTIQUES SUR LA SANTE DE L’HOMME
Problèmes de reproduction : Des substances chimiques, en particulier présentes dans le plastique, seraient « au premier rang des accusés » de la chute de la qualité des spermatozoïdes (réduite de 50 % depuis 1950) et des maladies liées à l’appareil génital à travers les perturbateurs endocriniens. Les principaux composés incriminés sont les phtalates et le bisphénol A (BPA), deux substances présentes dans certaines matières plastiques. De plus, parmi les additifs les plus controversés figure encore le bisphénol A, très présent dans les plastiques alimentaires et notamment dans 90 % des biberons en 2008. Le BPA est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien. Au Canada, tous les biberons contenant du BPA ont été retirés du marché, en application du principe de précaution.

Diabète et maladie cardiovasculaire : L’Association médicale américaine a publié en octobre 2008, une étude concluant qu’une hausse de la concentration de BPA dans l’urine augmentait de 39 % les risques de diabète et de maladie cardiovasculaire.
Cancer et malformation : La fumée produite par l’incinération des sachets plastiques contient des dioxines cancérigènes, fait remarquer un spécialiste de la santé humaine qui précise que les sachets plastiques provoquent le cancer. En effet, ce gaz toxique s’attaque aux poumons ou aux hormones provoquant ainsi des cancers et des malformations chez les nouveaux nés.
Paludisme : La stagnation des eaux de pluie provoquée par les plastiques jetés au sol crée des gîtes larvaires pour les moustiques d’où la prolifération du paludisme, une maladie tropicale qui tue un enfant tous les jours en Afrique.
Maladies diarrhéiques : Le dépôt des sachets plastiques dans les caniveaux est un obstacle à l’écoulement des eaux. Il en résulte une situation d’insalubrité qui est une porte ouverte aux maladies diarrhéiques, notamment le choléra.
Intoxication alimentaire : Nos plats n’échappent pas non plus aux effets néfastes des sacs plastiques. L’utilisation sur diverses formes des sacs plastiques n’est point un secret pour personne pour offrir des mets ‘’plus présentables’’. Les feuilles de teck, de banane et autres ont disparu de nos plats et marmites au profit des sacs plastiques dans la préparation de manioc, du riz, du « Ablo » , du « Come » et également pour l’emballage de nos ‘’plats à emporter ‘’ de divers mets aux abords de nos voies. L’ingestion de tels repas provoque parfois des troubles digestifs dus à la toxicité engendrée par ces sacs plastiques surchauffés. En effet, les éléments toxiques contenus dans les sacs plastiques, ont la capacité de migrer vers les denrées alimentaires, « surtout quand les aliments sont chauds », précise une étude.
Avec tous ces impacts, la réponse à la question posée par le présent article est donc OUI sans équivoque. Mais cette réponse soulève une autre question, comment s’y prendre ?
Le phénomène est devenu si préoccupant que, sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi au Bénin, le recteur Brice SINSIN a, interdit l’utilisation des sachets plastiques. C’est une décision révolutionnaire que les étudiants dans leur ensemble ont louée. Mais ces initiatives quoique salutaires ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan.

APPROCHES DE SOLUTION
Il faut que des décisions comme celle du recteur SINSIN soit non seulement encouragées, mais généralisées dans toutes les autres écoles et universités du pays.
L’Assemblée nationale du Bénin se prépare depuis quelques jours, à adopter une loi interdisant la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des granulés et des sachets plastiques. Cette loi, si elle est votée, permettra au Bénin de prendre exemple sur le Gabon, le Congo, le Maroc, le Burkina Faso et autres qui ont déjà fait l’option de mener une lutte sans merci contre les sacs plastiques. Mais l’interdiction formelle n’est pas la solution. Il faut que cette loi soit, dans sa stricte application, accompagnée des sensibilisations. Il faut des actions fortes pour amener la population à abandonner ses vieilles habitudes.
Des solutions de rechange existent. Comme mesures d’accompagnement, il faut la reconversion des usines de fabrication de sachets en plastique, le soutien à la recherche dans la production des types de sachets aux contenants non polluants, l’utilisation des sacs et des sachets en plastique biodégradable, l’utilisation des paniers durables en matière végétale, en tissus et l’utilisation de bols et récipients avec ou sans couvercle comme sous emballage dans les grands paniers. Aussi, cette loi qui attend d’être votée par les députés, devra-t-elle proposer des dispositions particulières d’accompagnement telle que l’exonération sur les matériels d’équipement pour les industries.
La fabrication des sacs biodégradables implique forcément l’utilisation de granulé, qui est la matière première utilisée par de nombreuses entreprises pour fabriquer d’autres produits en sachets plastiques. Pour obtenir un sac biodégradable, un additif est ajouté au granulé à un pourcentage très réduit. C’est dire que la loi devra faire la différence dans la répression de l’importation. Elle ne doit pas se limiter à interdire simplement toute importation de granulés, tout de même indispensables à la production des biodégradables. … »
Une loi sur l’interdiction des sachets plastiques suffirait-elle à éradiquer ce phcénomène a votre avis ?
L’utilisation des sachets biodégradables constitue-t-elle la solution miracle ?

Florent SAVOEDA



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