Comme certains n’ont pas manqué de me le faire remarquer, mon pronostic concernant le match entre la Roumanie et les Pays-Bas ne m’aurait pas rapporté grand-chose au loto sportif. Ben… C’est ainsi. C’est bien connu, si l’on était assuré de gagner on ne jouerait pas.
Je relève en particulier le commentaire d’un certain “oui-oui”, dont l’adresse mail est [email protected] (si vous voulez disserter sur l’art du pronostic après coup):
Vous êtes un sacré visionnaire!
“Le Monde” peut s’enorgueillir de compter des journalistes tels que vous.
Cela m’a inspiré la réponse suivante, un peu hargneuse mais justifiée:
Non, sans blague? Vous osez vraiment venir mettre votre grain de sel sur des pronostics APRES le match??? C’est d’une élégance… Et anonymement, en plus! Si vous aviez vraiment quelque chose à dire sur le sujet, il aurait été préférable de venir opposer vos arguments aux miens avant. Vous aviez dit quoi, vous, on peut savoir ?
Votre commentaire dénote une grande confusion dans votre esprit, un mélange des genres. Le pronostic sportif ne relève en rien de la vision - du visionnaire - ni de la voyance. Je ne connais personne qui sache prédire à coup sûr les résultat. Sans quoi je suppose qu’il ne resterait d’ailleurs pas longtemps journaliste par exemple - au Monde ni ailleurs. Je me suis contenté de donner mon avis sur la rencontre, avant coup, avec les éléments dont je disposais. Si j’avais comme vous attendu d’avoir le résultat pour donner mon avis, il aurait probablement été plus pertinent… Je pense que je me serais même risqué à donner le score! Je note juste, en forme de clin d’oeil, que mon avis était toujours plus pertinent que beaucoup d’autres sur ce qu’il impliquait pour l’avenir de l’équipe de France…
Mais dans cet exercice, l’essentiel n’est évidemment pas d’avoir raison - par contre il peut être de ne pas avoir toujours tort. Ce qui compte est d’avoir un avis, de l’étayer et d’être en mesure de le justifier. J’y reviens donc, car si à l’image de votre commentaire il n’a plus beaucoup d’intérêt relativement aux matches qui ont déjà été joués, il pourrait en revanche
en avoir pour ceux qu’il reste à disputer.
Pour avoir suivi Coupes du Monde, Championnats d’Europe, Jeux Olympiques en grand nombre, pour avoir moi-même disputé de nombreuses « poules » de qualification ou finales, j’ai été confronté très souvent à cette situation d’un dernier match opposant un adversaire déjà qualifié, à un autre qui joue sa survie. Si l’un était déjà qualifié, c’est qu’il était logiquement fort puisqu’il avait gagné suffisamment de matches avant. A l’inverse, l’autre devait l’être moins puisqu’il n’en avait pas encore remporté assez.
Sans disposer de statistiques précises et à jour, et sauf contentieux particulier, je peux néanmoins témoigner que dans ces ultimes rencontres la logique du fort battant le faible est très majoritairement mise à mal, au profit d’une autre logique, celle que j’expliquais dans mon billet, et qu’il est assez facile à comprendre. De plus, dans les circonstances précises de la soirée de mardi, mes faveurs se sont également portées sur la Roumanie en réaction à tous les commentaires qui ne voyaient qu’une équipe sur le terrain, les Pays-Bas. Le débat se résumait à cette question : les Pays-Bas allaient ils décider de gagner ou de perdre ce match ? Je trouvais cette interrogation insultante aussi bien pour les Roumains que pour les Néerlandais.
J’ai dit que les Néerlandais devaient déjà être dans une autre aventure… Ils gagneront peut-être l’Euro dans quelques jours. Conformément à votre logique, je pense que je me risquerai à un nouveau pronostic le 30 juin, lendemain de la finale, ce sera plus sûr. Mais peut-être que d’ici là on aura pu constater que le tort des Néerlandais aura été griller trop de cartouches inutiles dans une rencontre où ils n’avaient rien à gagner ni à démonter. Mais qui vous aura au moins permis de me tacler. Bravo, ça c’est sport !
Olivier Zilbertin