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Médiapart dément pouvoir devenir gratuit en septembre.

Publié le 02 juin 2008 par Oz

mediapart7.JPGPar le biais d’un commentaire de François Bonnet, le directeur éditorial du site, Médiapart a donc démenti pouvoir passer au modèle gratuit en septembre, en réponse à mon billet du jeudi 29 mai intitulé “Exclusif: Médiapart pourrait devenir gratuit en septembre’. Voici le texte de François Bonnet dans son intégralité:

“Conditionnel, supputations, infos non sourcées, anonymat et “exclusif”. C’est rudement chouette, votre truc ! Pas mal pour un journaliste du Monde. Donc voilà une vraie exclusivité: non, désolé, Mediapart ne deviendra pas gratuit en septembre (en octobre non plus, d’ailleurs). Et ce scénario a été exclu dès le début (je ne vais pas vous refaire l’argumentaire, on le trouve aisément sur le site Mediapart). La prochaine fois, appelez-nous ou envoyez-nous un petit mail. Merci.”

J’accepte et j’assume tout à la fois ces remarques et mon billet précédent. Le commentaire de François Bonnet m’inspire plusieurs remarques:

  • A propos du conditionnel. Le conditionnel n’est pas le temps du mensonge, de l’approximation, encore moins le temps de la conspiration. J’invite donc ceux qui sans chercher à comprendre le dénigrent à priori, de manière doctrinaire, à réviser leur grammaire. Le conditionnel est un mode qui sert à exprimer une action qui ne peut se réaliser que sous certaines conditions – comme son nom l’indique d’ailleurs et comme quoi il n’y a aucune sorte de cachoterie là dessous. Nous sommes bien dans ce cas de figure, ici: le conditionnel est la substance même de l’information. Sans conditionnel, il n’y a plus d’info. Relisez: il est écrit que Médiapart POURRAIT devenir gratuit en septembre. A la condition, bien-sûr, que le modèle payant n’ait pas payé d’ici là, et que la campagne de recrutement n’ait pas porté ses fruits. A cette condition, et seulement à cette condition - d’où le conditionnel, hein? - le site POURRAIT se laisser tenter par un autre modèle, par exemple le gratuit pourquoi pas. Ou sinon quoi?
  • A propos de l’anonymat. Ne soyons pas naïfs. Qui peut croire un instant que ce genre de confidences se fait sans l’assurance de rester anonyme? Sûrement pas des journalistes en tout cas. La question n’est du coup pas celle de l’anonymat, mais de la publication de l’information . Comme je ne peux pas citer, “sourcer”, dois-je obligatoirement me taire? Ou bien au contraire, comme l’information me semble assez crédible, qu’elle recoupe certaines réflexions et analyses, qu’elle est frappée au coin du bon sens, dois-je la publier sur mon blog? J’avoue que je n’ai pas de réponse toute faite à cette interrogation, que je décide au coup par coup, et que je n’ai pas toujours bon. Je précise par ailleurs que, rapport à son audience, ce blog se rapproche plus de la confidence, que véritablement de la divulgation. Si je crie l’information par la fenêtre de chez moi, je toucherai incontestablement plus de gens. Et je ne crierai pas de démenti par la même fenêtre à la même heure.
  • A propos du match gratuit-payant. Il ne s’agit aucunement d’une doctrine, d’une opinion, d’un point de vue. Il s’agit juste d’une constatation. Je l’ai déjà écrit, à maintes reprises: les choses changeront peut-être, ou peut-être pas, mais pour le moment le modèle payant reste un échec, pour ce qui concerne l’information du moins. Il existe aussi des raisons techniques à cela. Thierry Crouzet l’explique bien mieux que je ne pourrais le faire, ici, dans un billet intitulé: Médiapart: mort-né! En résumé: la porte d’entrée de l’information aujourd’hui s’appelle Google. On ne lit plus Le Monde ou Libération, on s’informe en entrant des mot clefs sur le moteur de recherche. Est-ce un bien, est-ce un mal? C’est comme ça en tout cas. En choisissant le modèle fermé, Médiapart choisit aussi délibérément de se mettre à l’écart de ce grand mouvement, de ce grand chambardement qui agite aujourd’hui l’information, quand d’autres préfèrent au contraire s’y mesurer. Je reviendrai ultérieurement sur la situation forcément schizophrénique du journaliste face à la gratuité de l’information sur Internet. Elle ressemble un peu à la position du médecin face à la maladie: il n’a de cesse que de la combattre, mais sans maladie, point de médecin. Le journaliste, lui, en théorie, ne devrait que se réjouir de voir son information, et l’information en générale, accessible au plus grand nombre, en particulier du fait de sa gratuité et de sa mise en ligne. Mais cette gratuité au bout du compte, ne risque-t-elle pas de le voir disparaitre?
  • A propos de la campagne de Médiapart. Si vous voulez vous rendre compte par vous même de la médiocrité de cette campagne de recrutement, je vous invite donc à cliquer sur le lien, l’animation ou le rectangle de publicité qui figure par exemple à droite de cette page et des autres de ce blog. Vous arriverez directement sur un bulletin d’abonnement… Pour s’abonner à quoi, à qui??? AUCUNE INFORMATION, ce qui est un comble pour qui se veut un professionnel de l’information et n’hésite pas ici ou là à donner des leçons en la matière. Abonnez-vous, c’est bien suffisant, vous n’avez pas besoin d’en savoir plus, de voir de quoi il s’agit. Et bien, plus encore que le choix du modèle payant, c’est cette arrogance qui finira par tuer Médiapart. Même s’il devait passer, en septembre, au modèle gratuit.

Olivier Zilbertin.


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