

Panthéon. Au fond, le théâtral roman du pouvoir ne trouve pas grâce aux yeux de Pierre-Louis Basse. Par les mots, celui qui fut un immense homme de radio nous aide même à y voir clair quand il évoque les combines des courtisans, les us et coutumes grotesques, la trahison des idées. Lui ose l’écrire, comme un rappel à l’ordre: «Nous savons bien que les gens de peu demeurent souvent les plus courageux sur le front de tous les combats.» Et pourtant il l’avoue: «Personne n’aurait pu dire qu’il se fichait de ne pas plaire au Président.» Chacun se demandera: pourquoi n’a-t-il pas quitté semblable lieu, s’étant sans doute trompé de porte? S’il résista, ce fut par esprit «politique». Une certaine idée des valeurs de gauche, de la culture, de l’histoire, qu’il tentera de promouvoir entre les interstices. Son Panthéon? Ce sera d’imposer des voisinages de cœur, Modiano, Schlöndorff, d’Ormesson, de continuer d’ériger au-dessus de tout la mémoire des Manouchian, Timbaud, Môquet, d’inciter le président à avoir un coup de cœur pour Ernest Pignon-Ernest, l’une de ses petites fiertés, au milieu de ce qui ressemble à un chemin de croix. «Le souffle s’est tari à force de courir dans tous les sens de la page», confesse-t-il. Reste un grand livre. Cruel, mais jamais méchant.
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 13 octobre 2017.]