En 2003 mourait le jeune Vincent Humbert par le geste humaniste de sa propre mère et de son médecin. Le président de la République d’alors, Jacques Chirac, n’avait pas entendu son appel : « Je vous demande le droit de mourir ».
En 2005, comme pour étouffer l’émotion suscitée par ce drame personnel, la loi Leonetti du 22 avril introduisait le tristement célèbre « laisser mourir » et l’hypocrite double effet des analgésiques. A peine quelques mois après la promulgation de cette loi, le drame du jeune Hervé Pierra démontrait cruellement, dans ce cas, l’inefficacité de cette nouvelle loi. Depuis 3 ans, les Belges, eux, bénéficiaient de l’euthanasie.
2 octobre 2017. La fille d’Anne Bert annonce le décès de sa mère en Belgique. Anne avait planifié cet ultime voyage ; elle en avait la force morale et – pour quelque temps encore – physique. Dans sa douleur, elle savait avoir encore cette chance de pouvoir s’exiler dans un pays qui place le respect des volontés au-dessus des dogmes. Durant ces mois de témoignages, Anne Bert a fait de son combat individuel un combat collectif.
De 2003 à 2017, combien de nos proches, de nos parents sont morts dans des conditions insupportables, dans des souffrances inadmissibles ? Uniquement parce que la loi française est inappropriée dans de nombreux cas.
Vincent Humbert, Hervé Pierra, Chantal Sébire, Jean Mercier, Vincent Lambert et tellement d’autres ont enduré la surdité d’une partie du corps médical que dénonçait le Pr. Sicard dans son rapport remis à François Hollande, en 2012 ; cette partie du corps médical dont certains membres siègent sur les bancs de l’Assemblée, bloquant, depuis 15 ans, toute tentative d’ouvrir aux Français le droit de choisir les conditions de sa propre fin de vie.
Combien faudra-t-il encore de drames pour qu’enfin nos politiques acceptent de légaliser une aide à mourir. Comment faut-il leur rappeler – comme ce fut le cas dans les années 70 avec l’IVG ; comme ce fut le cas 40 ans plus tard avec le mariage pour tous – qu’un droit nouveau ne retire rien à ceux qui ne veulent pas en bénéficier et qu’une société s’enrichit des nouvelles libertés qu’elle accorde à ses citoyens. Le droit de mourir dans la dignité ; pas une obligation.
Demain, avec l’aide médicale à mourir, avec un accès universel aux soins palliatifs, avec le respect de la parole du patient, nous pourrons mettre un terme aux souffrances de fin de vie, à tant de déchéances insupportables, à des infantilisations comme trop souvent elles sont subies.
Si la mort est une évidence dont nous avons conscience depuis l’enfance, nous ne pouvons pas nous résoudre à notre souffrance, ni à celle de ceux que nous aimons.
Depuis 1980, l’ADMD – qui tient son assemblée générale à La Rochelle le 14 octobre en présence d’Olivier Falorni, député de Charente-Maritime – milite pour qu’une loi de liberté donne à chacun la maîtrise de sa propre fin de vie. Nos près de 70.000 adhérents agissent au quotidien pour sensibiliser les élus français à cette nécessité humaniste tout en apportant une entraide solidaire à toutes celles et à tous ceux qui, en l’absence d’une loi de liberté, redoutent à juste titre les fins de vie dramatiques.