Le voyage que nous avons effectué ensemble cet été et en ce début d’automne dans le Journal de Jules Renard s’achève ici.
Voici donc les notes que j’ai toujours aimé relire dans cette année 1900.
Merci d’avoir suivi fidèlement cette relecture !
Dans ce blog, je vous raconterai ma prochaine aventure, celle d’être le narrateur de Pierre et le Loup !
1900
8 janvier :
Hiver. Ce soleil glacé dont on ne peut jouir que derrière la fenêtre.
11 janvier :
Il n’y a que l’égoïste à souffrir vraiment et tout le temps.
13 février :
Claudel déjeune. Il parle du mal que l’affaire Dreyfus nous a fait à l’étranger. Cet homme intelligent, ce poète, sent le prêtre rageur et de sang âcre.
— Mais la tolérance ? lui dis-je.
— Il y a des maisons pour ça, répond-il.
30 mai :
Notre âme immortelle, pourquoi ? Et pourquoi pas celle des bêtes ? Quand les deux flammes sont éteintes, quelle différence y a-t-il entre la flamme d’une pauvre chandelle et celle d’une belle lampe au bec compliqué, haute sur tige, et dont l’abat-jour s’écarte comme une jupe ?*
3 juin :
On pense à la mort tant qu’on espère y échapper.
Le même jour :
Lamartine rêve cinq minutes et il écrit une heure. L’art, c’est le contraire.
Le même jour :
Ne pas se lever trop matin : la nature n’est pas prête.
16 juin :
Je ne peux pas regarder une feuille d’arbre sans être écrasé par l’univers.
24 juillet :
Il y a des heures où il faut chercher tous ses mots dans le dictionnaire.
7 octobre :
Chacune de nos œuvres doit être une crise, presque une révolution.
20 octobre :
Le temps passe par le trou de l’aiguille des heures.
16 novembre :
Lorsque, dans sa journée, un homme a lu un journal, écrit une lettre, et qu’il n’a fait de mal à personne, c’est bien suffisant.
*