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[Vidéo] 5 anecdotes ébaubissantes sur les lacs

Publié le 16 octobre 2017 par Valentine D. @sciencecomptoir
Me voici de retour en vidéo ! Je vous emmène autour du lac du Crès, dans l’Hérault, à la découverte de 5 secrets bien gardés sur ces formidables zones humides.

Et ici en version texte, pour ceux qui préfèrent la lecture !

1. Quelle est la différence entre un lac et un étang ?

Lac frisquet
« Non mais une fois qu’on est dedans, elle est bonne. » (© Andreea Chidu)

Alors : étang, lac ? Lac, étang ? Quelle différence ? Et je vous vois venir : non, ça n’a rien à voir avec la salinité, puisqu’on trouve bien des étangs d’eau douce et des lacs salés ! En fait, c’est surtout une question de surface ou de profondeur, selon les définitions.

  • Profondeur limite de 20 mètres (au-delà : c’est un lac ; en-deçà : un étang)
  • Ou surface limite de 8 hectares (au-delà : c’est un lac ; en-deçà : un étang)

Petite anecdote bonus : la mer Caspienne porte mal son nom puisqu’elle n’a pas le statut juridique des mers. Ce serait plutôt le plus grand lac salé de la planète !

2. Comment évoluent les lacs ?

Un joli lac à Veneto, en Italie
Ton heure est comptée, plan d’eau. (© Giammarco Boscaro)

L’évolution naturelle d’un lac se ponctue par… sa mort. Il se couvre de plusieurs ceintures de végétation, les débris organiques et les sédiments s’accumulent au fond jusqu’à le boucher complètement. Une végétation prolifique prend alors sa place et c’est comme s’il n’avait jamais existé. En écologie, on parle d’atterrissement.

3. Ménage de printemps (et d’automne)

Stratification thermique dans les lacs dimictiques.
Stratification thermique dans les lacs dimictiques. (© Hydrated/Wikimedia Commons)

Sous climat tempéré, certains lacs (dits dimictiques) sont le théâtre d’une drôle de valse : au printemps et en automne, leurs couches d’eau superficielles et profonde s’inversent ! Le seul moteur de ce grand chamboulement, c’est la physique.

Au printemps quand la glace fond, et en automne, quand l’eau se refroidit peu à peu, la couche d’eau de surface rejoint progressivement une température proche de celle du fond. Elles ont toutes les deux une densité comparable, c’est donc sans trop de mal que le vent enclenchera cette grande machine à laver (ou turnover pour les puristes).

Du coup, ça redonne une seconde vie aux nutriments qui s’étaient accumulés au fond et toute la chaîne alimentaire en profite joyeusement !

4. Un lac peut-il refroidir le climat ?

Voici Agassiz, un immense lac glaciaire aujourd'hui disparu
« Je romps et ne plie pas ; et ce faisant, je vous envoie direct en chambre froide » – Agassiz, sur son lit de mort (© Kleiven et al. 2008)

Spoiler : oui ! Pendant le Dryas récent, il y a 11 à 13 000 ans, le climat s’est sensiblement refroidi en Europe et autour de l’Atlantique : on a perdu 7 °C dans l’hémisphère Nord et jusqu’à 10 °C au Groënland !

Une des causes de ce sursaut glaciaire : c’est un ralentissement du Gulf Stream, dû au déversement brutal dans l’Atlantique du plus grand lac d’eau douce de l’époque, en Amérique du Nord.

Les énormes quantités d’eau douce, moins denses que l’eau salée de l’Atlantique, auraient complètement perturbé la circulation océanique et bam ! des stalactites dans nos trous de nez. [Attention, dans la vidéo par étourderie je dis que l’eau douce est plus dense que l’eau salée… Mais c’est l’inverse ;)]

5. La magie des varves

Sédiments lacustres, varves
Tremblez, zèbres ! Les varves sont plus aimables, moins bruyantes mais elles courent moins vite. (© James St. John/Flickr)

Ce gros lac qui a cédé était un lac proglaciaire : il reçoit l’eau qui s’écoule des glaciers quand ils fondent. C’est justement dans ce type de lacs qu’on retrouve un des trucs les plus ahurissants que je connaisse : il répond au nom poétique de varves. C’est un type de sédiments qui affiche des rayures à faire pâlir d’envie les Dalton !

Figurez-vous que chaque paire de rayures représente une année, ni plus ni moins. La couche claire se forme en été, quand le glacier, en fondant, ramène masse de sédiments dans le lac. La couche foncée se forme en hiver, quand le lac est recouvert de glace, donc dans un milieu pauvre en oxygène. Grâce à ces rayures on peut remonter le temps, un peu à la manière des cernes du tronc d’un arbre.

Ces couches contiennent des informations précieuses sur notre histoire : en analysant les pollens qu’elles contiennent, on peut par exemple retrouver les espèces végétales de l’époque, et donc reconstituer les forêts du passé. J’avais déjà parlé de varves (c’est ma marotte) par icitte 🙂

Voilà pour cette fois, j’espère que ce format léger vous aura plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à parler de varves avec votre famille et vos amis, on n’en parle jamais assez. Dans tous les cas, on se retrouve très vite !

Sources

Si ce sujet vous a plu, vous aimerez peut-être mon tuto pour faire parler les vagues, mon billet sur le cocofesse, ce sexy fruit qui porte bien son nom, l’histoire des saumons qui font croître les forêts, ou les carottes qui enregistrent notre passé (si, si). Et si vous avez un petit creux, pourquoi ne pas lécher un caillou ?

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