La réautorisation du glyphosate votée le 25 octobre
Un comité de la Commission européenne doit se réunir le 25 octobre pour voter la ré-autorisation ou non du glyphosate, connu surtout comme la matière active de l'herbicide Round Up de Monsanto. Or la proposition de la commission de réautoriser ce produit pour 10 ans est toujours sur la table, alerte l'ONG Générations Futures. La France s'étant positionnée contre, l'Europe ne devrait pas parvenir à la majorité qualifiée nécessaire pour entériner le texte. Cependant, l'entêtement de la commission est " inadmissible ", " alors que toutes les preuves de la dangerosité du glyphosate sont réunies et que les scandales sur l'influence de Monsanto et la férocité avec laquelle la firme a mis en place une réelle désinformation, ont été révélées au grand jour. Nous appelons les Etats-membres en général, et la France en particulier, à s'opposer à cette proposition inacceptable de réhomologation pour 10 ans ", déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Il remettra le 20 octobre une lettre ouverte à Emmanuel Macron signée par 33 ONG ainsi que l'initiative citoyenne européenne (ICE) pour l'interdiction du glyphosate qui compte déjà 1. 070. 865 signatures. L'interdiction du glyphosate serait lourde de conséquence pour Monsanto. Elle remettrait en question la vente du Round Up et des OGM Round Up Ready modifiés pour absorber le glyphosate sans mourir, qui constituent le fonds de commerce de la firme américaine.
Sur le même thème Santé : tous contaminés au glyphosate, herbicide le plus vendu au monde Le gouvernement revient sur l'interdiction du glyphosate Le Parlement européen refuse son accès à Monsanto Pesticides : les dangers pour la santé et l'environnement OK
Je souhaite également recevoir
les bons plans et offres partenaires
la newsletter des professionnelles
Les eurodéputés ont mené une audition le 11 octobre pour tenter de comprendre deux affaires impliquant Monsanto : la reprise en copier-coller d'un document de la firme dans l'évaluation du glyphosate (matière active de l'herbicide RoundUp) réalisée par l'agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA), et les Monsanto papers.
" Ces échanges, s'ils ont pu nous apprendre bien des choses, ont également créé un nombre important de questions auxquelles il est urgent de répondre. Nous sommes arrivés à la conclusion que la création d'une commission d'enquête s'impose ", expliquent les élus européens Eric Andrieu et Marc Tarabella à l'issue de leur audition.
Du copier-coller de l'EFSA aux Monsanto papers
Pour rappel, un copier-coller d'un document de Monsanto a été intégré au rapport d'évaluation du glyphosate de l'EFSA. Il est favorable au glyphosate et contredit l'évaluation du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), instance de l'OMS, qui classait en 2015 la matière active comme cancérigène probable. Il soulève des doutes sur l'indépendance de l'EFSA, qui parvient à la même conclusion que Monsanto sur l'absence de cancérogénécité, en total décalage avec le CIRC.
Les Monsanto papers, des documents déclassifiés par la justice américaine en mars 2017 à la suite d'une action contre la firme, ont révélé que cette dernière s'inquiétait sérieusement dès 1999 du potentiel mutagène du glyphosate. A tel point qu'elle a commandé un rapport sur le sujet à un scientifique. Celui-ci a confirmé les inquiétudes et pointé du doigt des risques pour la santé. Monsanto n'a jamais rendu public ce rapport et a fortement critiqué les conclusions de CIRC, les traitants de " science pourrie ", alors qu'elles rejoignaient celles du rapport de 1999.
Beaucoup de questions, des réponses urgentes
Monsanto a été invité il y a quelques jours à venir s'expliquer sur ces affaires au Parlement européen mais a décliné l'invitation. Ce refus n'a pas été apprécié et il est pour beaucoup dans le demande d'une commission d'enquête. " Refuser de se présenter devant le Parlement européen aujourd'hui, c'est refuser de répondre aux inquiétudes des 500 millions d'européens que nous représentons !", poursuit Marc Tarabella
Les députés vont tenter à présent d'obtenir une majorité afin de mettre en place cette commission d'enquête et d'en définir le périmètre d'investigation qu'ils souhaitent le plus large possible. Cette commission " devra lever les nombreuses zones d'ombre qui subsistent encore sur les responsabilités de l'entreprise Monsanto, des agences de contrôles ou encore de certaines institutions ", expliquent les députés.
AF Roger
A regarder absolument : le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin " Le RoundUp face à ses juges ", qui passe le 17 octobre à 20h50 sur ARTE pour comprendre les dangers et la désinformation qui entoure cette molécule si controversée.