Magazine Bien-être

L’acceptation d’un père imparfait

Publié le 19 octobre 2017 par Laurie Audibert

Sur le divan de ma psy, j'ai compris, que moi aussi, je fonctionnais de manière très " bipolaire " avec mon père.

Plus je m'acharnais à le détester, plus finalement, je le faisais vivre dans mon être. Plus il me manquait.

Parce que la face cachée du miroir, c'est que lorsque l'on voit le côté obscur de la force, forcement elle est en opposition avec ce qui nous manque, ce que nous aurions aimé qu'il se passe, qu'il soit.

On dit : " Je n'ai pas eu de père, il n'a pas fait ci, ça, l'autre ", " J'ai manqué de son amour ".

Personnellement, j'aurais aimé avoir un père, qui m'apprenne à danser, à chanter, qu'il me raconte ses nombreux voyages et ses vies. Qu'il me parle en espagnol, qu'il m'enseigne la photographie, sa passion. J'aurai voulu qu'il m'aime, tout simplement.

L'enfant que j'étais et qui est toujours en moi, a cru pendant longtemps, que c'était la petite fille qui ne méritait pas d'être aimée, qu'elle n'était pas assez bien. Et oui, les enfants ça fait des raccourcis.

Du coup, comment devenir une femme digne d'être aimée...

Vivre dans ce type de croyance, peut faire de nous " des puits sans fond d'amour ". Toujours, toujours en recherche d'amour, il nous en faut toujours plus et de la reconnaissance.

Je m'épuisais pour rien, car je cherchais de l'amour d'une personne qui n'existait pas... celui de mon père idéal. Le mot est lâché, idéal, et oui, je n'avais pas cassé le mythe de mon " père-phantasme ".

Le mien ne me convenait pas, j'en avais donc fabriqué un autre, tout beau, tout parfait.

Deuxième effet K isscool, seconde mission, guérir mon père ou son reflet, pour faire de lui quelqu'un de meilleur, et qui colle enfin à ce que MOI j'attendais. Le guérir contre son gré, puisqu'il ne m'avait rien demandé.

Encore un combat dans le vent... Que je me suis acharnée à faire au travers de toutes les relations que j'ai eues dans ma vie - principalement les relations amoureuses, évidemment sinon ça serait moins drôle -.

Je me posais également, en vengeur masqué, de toutes les mauvaises choses qu'il avait fait aux gens que j'aimais. L'injustice qu'ils avaient vécue et subie, il me fallait les protéger.

Notamment pour ma mère, savoir combien elle avait souffert, m'a toujours arraché le cœur.

Cela dit, ici encore, je me posais en super infirmière du cœur, je m'auto missionnais, et me faisais porter un fardeau, bien trop lourd à porter et qui surtout ne m'appartenait pas.

Ce qui fait qu'aujourd'hui encore, une ampoule au-dessus de ma tête s'allume, quand je croise une personne dans le besoin (surtout émotionnel).

J'ai commencé mon travail de guérison, lors de son décès. Moi qui habitais à côté, je n'avais jamais voulu me déplacer pour le voir.

Lorsqu'il est mort, j'ai fait 600kms en pleine nuit, pour aller déverser ses cendres. Et pleurer...

Quand je suis arrivée chez lui, que j'ai passé la porte de cet appartement dans lequel j'avais parfois eu si peur, j'ai franchi un seuil, pas uniquement de son habitat, mais aussi de sa vie.

Rien n'avait changé, tout me paraissait juste plus petit.

Le vrai apaisement est arrivé sur une simple photo, je devais avoir 5/6 ans, nous étions tous les deux, il me tenait dans ses bras.

Son regard, et mon sourire sur cette photo, m'a fait prendre conscience, qu'il n'avait pas uniquement été ce père monstrueux.

Derrière cette photo, il était annoté, " Ma fille ".

J'ai compris, que mon papa, non seulement m'avait aimé mais qu'il était fier de moi.

Il avait eu simplement sa manière, à lui, d'aimer, avec ses capacités, son parcours, son histoire.

Il avait donné le pire, mais aussi le meilleur dont il était capable.

Grace à cela, est arrivée l'acceptation d'avoir été aimée et avoir aimé un père si imparfait.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Laurie Audibert 8778 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine