Critique Ciné : Numéro Une (2017)

Numéro Une // De Tonie Marshall. Avec Emmanuelle Devos, Suzanne Clément et Richard Berry.

Numéro Une choisit le point de vue des dirigeants afin de raconter à quel point ce monde dont tout le monde semble rêver est une dure réalité, surtout pour une femme qui va rencontrer un club féministe, l’un des rares, qui doit faire face à un mysogynisme omniprésent. Si au premier abord j’avais un peu peur que le film ne soit pas à hauteur de mes attentes, je trouve le sujet très juste et surtout très actuel. Numéro Une sait alors rester captivant en jouant avec justesse sur les arcanes du monde des dirigeants (et accessoirement des grandes entreprises industrielles du CAC 40). Mi-drame social, mi-thriller économique, le film mélange des genres et parvient à créer quelque chose de cohérent du début à la fin où tous les coups sont permis. Le film est grandement aidé par son casting et notamment Emmanuelle Devos, parfaite dans le rôle de cette femme qui se retrouve propulsée devant de la scène et qui va être éclaboussée en bonne et due forme. Pourtant, le film n’était pas facile à faire mais Tonie Marshall est une spécialiste du féminisme au cinéma, toujours à mettre en scène des femmes dans leurs professions. Ici, le choix est intéressant dès le départ, notamment lors de ce conseil d’entreprise où elle est la seule femme parmi les cadres dirigeants de son entreprise.

Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l'énergie, jusqu'au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d'ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s'annonçait exaltante, mais c'est d'une guerre qu'il s'agit.

Et l’on se rend surtout compte qu’elle a du travailler deux fois plus que les autres afin d’arriver où elle est actuellement. Le film a beau être résolument féministe, il n’oublie pas pour autant qu’il ne faut pas trop en faire et entrecoupe alors son histoire de moments plus tendres qui permettent de démontrer que les relations de couple sont compliquées lorsque l’on fait passer sa carrière avant son couple. Et la relation entre Emmanuelle Blachey et son mari Gary est intéressante mine de rien. Elle parle alors des problèmes de couple actuelles qui sont en train de ronger le principe même du couple (et encourage la famille recomposée). Numéro Une ne cherche jamais à en faire trop, juste à suivre un récit passionnant et passionné par ce qu’il raconte. Emmanuelle Devos est au milieu de ça splendide, naturelle et fragile comme il se faut (avec une légère dose de détermination). Finalement, Numéro Une est une agréable surprise qui veut beaucoup en dire par moment mais réussi toujours à trouver un bon équilibre entre les personnages féminins qui doivent se battre avec les hommes pour s’en sortir et accéder au pouvoir comme les autres. Si un peu plus de folie aurait été la bienvenue dans la mise en scène, pas de quoi friser c’est réussi.

Note : 7.5/10. En bref, un constat intéressant sur le monde des dirigeants avec un combat féministe mis en avant.