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Le Dit des Égarés, de Serge Cantero

Publié le 22 octobre 2017 par Francisrichard @francisrichard
Le Dit des Égarés, de Serge Cantero

Karl présente ainsi au chaman ses amis Gaston, Monique et Raquel:

- Don Pablo, aquí están los extraviados...

Raquel étouffa un rire, sans doute à cause du mot extraviados, égarés.

Gaston et sa compagne Monique (qui ont laissé en Suisse leurs deux filles Océane et Azalée), accompagnés de leur amie lesbienne Raquel, se sont en effet égarés dans un petit village, San Estebanillo, province de Oaxaca, Mexique, au bord de l'Océan Pacifique.

Ces égarés, au terme d'un périple mexicain, comptent y passer une semaine de repos total et se sont installés dans un hôtel, qui n'est pas des plus exotique, le Sueño de Mar, tenu par un couple de Français, Daphné et Philippe, qui y vivent avec leurs trois têtes blondes.

Gaston retrouve là-bas un vieux camarade de trente ans, Karl von List, lequel est propriétaire de cabañas, bâties en matériaux naturels, avec l'aide de trois ou quatre amis, et dans l'une desquelles il vit avec un gamin, Ernesto, qui n'est pas pour lui ce que vous croyez... 

La dernière fois qu'ils se sont vus remonte à l'an 2000. 13 ans plus tard, Gaston reçoit un paquet, que Karl lui fait parvenir et qui contient des documents relatifs au professeur Hermann Waldherr, trouvés à côté du cadavre de celui-ci, découvert dans les bois du Urwald.

Waldherr est un personnage sulfureux. Ancien SS, il a créé après guerre une communauté thérapeutique dans les forêts de Bohême, où il a notamment expérimenté des psychotropes sur des sujets volontaires, exclus de la société car handicapés par une laideur extrême.

Ce roman touffu est le récit de la relation passée entre Karl et Hermann; celui des souvenirs communs à Karl et Gaston; celui du lieu, chargé d'histoire, où Hermann a établi son institut; celui d'anciens patients qui sont aujourd'hui au rendez-vous de San Estebanillo... 

Gaston, soigné ici pour son dos, son inconscient désinhibé par des décoctions locales, a des hallucinations, nourries par tous ces récits où les époques se mélangent, comme les substances, et où un fait divers, une noyade, leur apporte encore quelque grain de sel...

Le Dit des Égarés, qui emprunte son titre au genre littéraire médiéval, est une véritable fantasmagorie, où Serge Cantero explore les tréfonds de l'âme humaine, ses fantasmes, et montre bien qu'elle se berce de chimères où la trivialité peut le disputer à la spiritualité.

Francis Richard

Le Dit des Égarés, Serge Cantero, 328 pages Hélice Hélas

Livre précédent:

Les laids, 238 pages, L'Âge d'Homme (2013)


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