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L'affaire du Sulfoxaflor va de rebondissement en rebondissement. Le 19 octobre, l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) a révélé que cette matière active classée comme néonicotinoïde aux Etats-Unis, vient d'être autorisée en France le 27 septembre pour deux nouveaux insecticides, le Closer et le Transform. L'Agence nationale de sécurité sanitaire française (ANSES) a pourtant évalué la molécule comme " hautement toxique " pour les abeilles. L'Unaf a aussitôt demandé au président de la République et au ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, d'intervenir face à cette décision "incompréhensible et inacceptable".
La nouvelle arrive au moment où les néonicotinoïdes présents sur le marché doivent être enfin interdits (en septembre 2018), mettant un terme à des années de lutte pour les apiculteurs. Elle vide cette décision de sa substance, estime l'Unaf. En effet, le Sulfoxaflor " a le même mode d'action que les autres néonicotinoïdes. Une fois absorbée par la plante, (la molécule) circule dans son système vasculaire jusque dans ses parties florales, et donc le pollen et le nectar ", précise le syndicat apicole.
Aussitôt l'information diffusée, une pétition a été lancée par l'association Agir pour l'environnement. Elle tourne sur les réseaux sociaux et a recueilli rapidement des milliers de signatures.
Données complémentaires : " dans le doute, on suspend... "
Nicolas Hulot a réagi de concert dans un communiqué avec le ministre de l'agriculture, Stéphane Travert, dès le lendemain, le 20 octobre. Tous deux invitent l'Anses à " analyser de façon prioritaire " des " données complémentaires relatives aux risques " du Sulfoxaflor, " afin qu'elle soit en capacité d'indiquer au gouvernement, dans les trois mois, si elles sont de nature à modifier les deux autorisations de mises sur le marché ". Ces données proviennent de l'agence irlandaise qui a autorisé la molécule.
Le 21 octobre, Gilles Lanio, président de l'Unaf, a demandé une suspension immédiate des autorisations. Dès lors que les ministres " demandent à l'Anses de revoir sa copie, c'est qu'ils ont un doute. Dans le doute, on suspend. (...) On ne va quand même pas mettre sur le marché un produit qui est hautement toxique pour les abeilles ", a fustigé Gilles Lanio dénonçant un " manque de courage ".
La crainte aujourd'hui est que des aménagements soient prévus pour les deux autorisations mais sans interdiction, n'empêchant en rien les effets mortifères sur les abeilles.
L'apiculture enchaine deux mauvaises années en termes de mortalités d'abeilles et de récolte de miel. L'Unaf a annoncé que l'année 2017 s'annonce " tout aussi catastrophique " que l'année 2016 qui a enregistré une récolte de miel inférieure à 10 000 tonnes. Pour rappel, avant les néonicotinoïdes, dans les années 90, la récolte de miel se situait à environ 35 000 tonnes par an.
Anne-Françoise Roger