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Hashtag Femelle

Publié le 23 octobre 2017 par Magadit

Hashtag FemelleIl aura fallu du temps pour que je reprenne la plume. Peut être que j’en avais assez dit sur les friends, les amours surtout celles qui durent un jour ou trop de mots sur les maux. … C’est vrai que je râle beaucoup.

Il aura fallu du temps pour me sortir de la torpeur et ce ne sont pas les abdos des frères Hemsworth qui m’ont dégelée, bien que je les soupçonne d’être responsable du réchauffement climatique.

Non il aura fallu un vent venu des Amériques, une rumeur qui enfle comme la colère, des actrices qu’on admire, des artistes que l’on écoute, un soulèvement des poitrines, des murmures qui se rejoignent pour former un cri.

C’est beau hein ? Dis comme ça, ça claque…

Quelle poésie, c’est délicat, comme une femme ou l’image que l’on s’en fait. Parce qu’une femme en toute occasion il faut que cela reste joli, posé, discret… Oserais-je dire décoratif ! Sois belle et tais toi. Si t’es pas jolie soit polie. Malheureusement avec moi ils n’ont jamais fait long feu les dictons de mamie.

Bref à coup de Hashtag les langues se délient avec un gout amer… Je suis désolée, moi pourtant si féministe je le dis haut et fort, je ne suis pas fan du régime de Vichy, et j’aime la charcuterie.

Moi sexe faible vivant au quotidien au sein du sexisme ordinaire, victime anonyme de mots et de gestes déplacés, d’agression même, je souffre d’être résumée à un appel médiatique, bien propret, bien cadré, oserais-je dire bien orchestré. Des promesses de lois inapplicables je n’en veux pas, des regards compatissants je n’en veux pas, de guerre des sexes je n’en veux pas non plus. Je rêve de dialogue, de changement profond de la condition féminine. Oui, je crois encore au père Noël, aux lutins et aux licornes.

Je ne souffre pas d’être sifflée dans la rue, mais j’en ai assez d’être suivie. Je ne me sens pas traitée comme un être inférieur quand un gentleman m’ouvre la porte, mais je hurle à perdre la voix quand il faut professionnellement que je justifie mes compétences pour faire oublier la taille de mon bonnet.

Je considère un compliment à sa juste valeur… d’ailleurs à ce sujet « t’es bonne tu mériterais » n’est pas un compliment sachez le, chers bourrins élevés à grand renfort de youporn. Personnellement je ne dis pas merci à Jacquie & Michel.

Par pitié ne mélangez pas tout. Le soulèvement des hashtag n’est qu’un cri de souris. Le malaise est tellement plus profond. Nous sommes 3,5 milliards de femmes, de sous êtres, de maillons faibles. Au revoir.

Merde, ça fait quand même beaucoup d’handicapées.

Alors évidemment y’a pire ailleurs. Bien sur, j’aurais pu naitre ou ne pas naitre en Chine, en Inde ou Pakistan, subir le gynocide, être lapidée, excisée, ou être obligée de me baigner en Burkini. Mais quoi ? Je devrais remercier le pays de la liberté ? Je devrais fermer les yeux, accepter l’omerta ? Je devrais être contente de mon sort ? Accepter d’avoir peur dans la rue dans le métro dans la vie ? Je devrais accepter de me cacher, de cacher mon corps pour ne pas m’exposer ? Je devrais accepter le machisme ordinaire, la société patriarcale ? Je devrais avoir honte et me taire ? C’est mal me connaître, c’est mal nous connaitre.

Messieurs, faut-il que nous soyons si fortes pour vous faire aussi peur. Faut-il que vous soyez si faibles que vous deviez absolument imprimer votre suprématie au travail ou dans notre chair ?

Je ne fais pas d’amalgame, je ne mets pas tous les hommes dans le même panier, tout comme la liste de vos erreurs n’est pas exhaustive, Je ne suis peut être pas même 100% objective. Il faut me pardonner. Je fais moi même partie des êtres sous développées.

Mais il est vrai que votre comportement me déconcerte et m’afflige. Vous qui nous traitez de pute et vous servez de nos corps dans la violence, vous vous transformez en Dexter dès que l’on parle de vos mères, vos femmes et vos sœurs. Mais réalisez que nous sommes toutes les putes d’un autre. Nous sommes également toutes les filles, les femmes et les mères d’un autre.

Mais je sais, je sais… c’est pas vous, c’est de notre faute. Pardonnez-nous pauvres pêcheurs. Sachez néanmoins qu’une femme habillée en « pute » n’est pas un corps en libre service, juste une femme en plein fashion faux pas. Qu’une femme dans les transports n’est pas excitée comme une porn star quand elle voit votre sexe ou quand vous vous frottez. Rappelez vous, ça c’est du cinéma. Rappelez vous, une femme qui se ballade, même en mini jupe ne rêve pas de vos mains sur son corps tandis qu’elle fait ses courses. Ça aussi c’est du cinéma, et pas le meilleur au box office. Une femme qui dit non c’est non, même si elle a déjà dit oui à votre voisin…

Une femme qui… oh mon dieu il y aurait tellement à dire que déjà je m’emballe, l’écume aux lèvres et la fumée sortant de mes nasaux. Ces hashtags lancés comme un os à ronger, ces lois visant à nous apaiser. La colère me vrille les tripes.

Je n’appelle pas à la révolution mais à l’éducation. A nous mamans de ne tolérer aucun mépris, aucun sexisme dans la bouche de nos fils. A nous mamans, d’apprendre a nos filles à ne plus avoir peur. A vous papas de regarder vos filles et vous demander si votre vision de la femme est vraiment ce que vous désirez pour elles.

Je milite pour les robes à fleurs à l’assemblée nationale. Je m’insurge contre la pseudo parité politique (encore un os à ronger), contre les femmes qui oublient leur féminité pour se fondre dans le décor politique, publique. J’ouvre ma gueule pour la Liberté et l’Egalité.

Il est déjà trop tard pour ma génération mais que je l’ouvre pour les enfants de mes enfants. Je suis féministe mais j’ai besoin de vous messieurs, mes amis mes proches, pour réaliser, pour ne plus laisser faire sous vos yeux. Vous si puissants, soyez donc nos chevaliers, à nos cotés.

Il aura fallu qu’on me rappelle si ouvertement que je suis une minorité, moi qui défends les droits des autres, pour les LGBT, les réfugiés, contre le racisme, je m’aperçois qu’il me faut en priorité me battre contre la connerie ordinaire.

Il aura fallu, un monstre de producteur américain, mais un monstre parmi tant d’autres pour que je décide de revenir.

Il faudrait tellement de lignes et de mots pour faire le tour de la question, tellement de changements à engager en profondeur tellement de siècles à rattraper. L’important aujourd’hui c’est le chemin que nous prenons.

L’important c’est d’arrêter d’être passive, et ne pas se tromper de débat.



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