À l’attention de M. Jean-Claude Gayssot, président de l’Etablissement Public Régional Port Sud de France et de Mme Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie
Le 10 octobre 2017, un collectif citoyen s’est constitué afin de recueillir un maximum d’information sur le projet de marina de luxe pour « méga-yachts » à Sète, sur le quai d’Alger, d’évaluer s’il correspond bien aux attentes et besoins des habitants, et si ce n’est pas le cas, trouver les moyens de s’y opposer et de proposer des alternatives.
Ce projet, découvert à travers des articles de presse, vise à accueillir des « méga-yachts », faisant jusqu’à 100m de long, en stationnement avec anneaux. L’appel d’offre a été pourvu en juin 2017 par une entreprise américaine : IGY Marinas, associée à P&O Marinas, filiale du groupe émirati Dubaï Ports World. Ce groupe avait déjà été choisi, via sa filiale P&O Ports, pour relancer le terminal conteneurs du port de Sète. Les travaux pour la marina sont annoncés dès décembre 2017, pour une mise en service en 2018.
Devant le manque d’informations sur la nature exacte de ce projet, et les inquiétudes qu’il suscite, le collectif a d’abord adressé une demande de rencontre à M. Jean-Claude Gayssot, président de l’Etablissement Public Régional Port Sud de France et de Mme Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie. N’ayant pas obtenu de réponses à cette demande, nous lançons une pétition visant à faire connaître ce projet et à mobiliser le plus largement possible les habitants : ils doivent pouvoir être informés et donner leur avis sur un tel aménagement qui risque d’avoir d’importantes conséquences, notamment sociales, environnementales, et sur leur cadre de vie :
Dans l’état actuel des informations (peu nombreuses), le collectif pointe plusieurs enjeux :
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La création d’emplois que ce projet permettrait selon le président de l’EPR, or aucun chantier de réparation et d’entretien des bateaux ne semble prévu à l’heure actuelle, ce qui ne créera pas d’emplois durables. Depuis cet été, de nouvelles réglementations font fuir les armateurs des côtes françaises qui ne souhaitent plus recruter leurs équipages en France : augmentation de la taxation du gasoil, obligation de cotiser à la sécurité sociale pour leurs marins résidents en France (qui auparavant, n’avaient ni sécurité sociale, ni assurance, ni chômage du fait de leurs contrats de travail établis dans les pays d’origine des bateaux). Est-ce donc vraiment une réelle opportunité pour l’emploi ?
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Les conséquences sociales : l’arrivée d’une clientèle très fortunée ne risque-t-elle pas de faire bondir les prix de l’immobilier, contraignant les populations du centre ville à aller se loger ailleurs ? On craint également la disparition des commerces de proximité, remplacé par des boutiques de luxe dans lesquels peu de sétois trouveront leur bonheur. Ce processus de gentrification s’observe dans de nombreuses villes ayant accueilli des marinas pour yachts de luxe, il est donc légitime de s’en inquiéter.
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Les conséquences environnementales : dans l’appel d’offre pourvue par IGY Marinas, la qualité environnementale du projet n’apparaît pas du tout comme une priorité. On s’interroge sur les pollutions (de l’air, de l’eau) que ce projet occasionnerait. A-t-on prévu les infrastructures nécessaires pour récupérer et traiter les eaux noires et sales des bateaux ? On recense aussi de nombreux exemples d’accidents et d’incendies en mer comme au port, provoquant des pollutions aux hydrocarbures et des interdictions de baignade.
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La privatisation d’un espace public pour y installer une activité qui pour l’instant, semble n’avoir que peu d’intérêt pour les habitants, et le risque de dérive sécuritaire qui y serait associé (caméra de surveillance, contrôle…). On s’interroge sur le financement de cette opération : des fonds publics sont-ils mobilisés pour privatiser un espace qui deviendra inaccessible aux habitants ?
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Les nouvelles nuisances et conflits que cet usage de l’espace risque de créer : les riverains sont-ils prêts à accepter des nuisances sonores liées à l’intensification du trafic des bateaux et aux hélicoptères pour lesquels une piste d’atterrissage est prévue ? L’intensification du trafic en mer risque aussi de créer des conflits avec les usagers actuels de l’espace maritime, et notamment les pêcheurs : en 2011 sur la côte cannoise, ces derniers dénoncent les conséquences du yachting sur leur profession et le milieu marin, faut-il s’en inquiéter ?
Nous demandons :
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Une information précise et publique sur la nature exacte de ce projet et les différents enjeux identifiés, ce qui permettra de donner des réponses à ces inquiétudes légitimes
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L’organisation de réunions publiques d’information et de discussion avec les habitants de Sète et surtout les riverains du quai d’Alger, qui seront directement impactés par ce projet
Pour signer la pétition cliquez sur le lien suivant: