The Deuce // Saison 1. Episodes 6 et 7. Why Me ? / Au Reservoir.
Avec « Why Me ? », David Simon propose pour le moment le meilleur épisode de toute la saison de The Deuce. S’il en reste encore à venir, « Au Reservoir » n’est malheureusement pas aussi brillant (mais très bon aussi). The Deuce n’est pas la série qui va devenir le prochain The Wire, c’est sûr et certain, mais j’aime bien la façon dont « Why Me ? » tente de nous convaincre que justement The Deuce en a le potentiel. La série prend le temps de construire son univers, ses personnages fascinants et son univers riche. C’est un temps que David Simon se permet de prendre et qu’il a eu raison de prendre, surtout quand on voit le résultat. Malgré des audiences assez confidentielles, la série maîtrise ses personnages et son univers afin de le faire rutiler comme une douce mélodie, parfois rugueuse, mais toujours juste et brillante. La série continue de nous plonger dans l’univers de la prostitution mais aussi de la pornographie et de son industrie de l’époque, ici pas toujours très claire et nette. Le fait est que les personnages prennent tous place dans un monde qui rend leurs relations cohérentes. Ce que la série a su faire dans les cinq épisodes précédents permet à « Why Me » d’être aussi brillant. Le fait est que la série continue de suivre les personnages et surtout de suivre où est-ce qu’ils vont bien pouvoir nous embarquer par la suite. Le résultat est bien plus étonnant que je n’aurais probablement pu l’imaginer au départ.
Et la façon dont tout parvient à s’imbriquer permet de réellement apprécier le résultat et surtout de voir où est-ce que The Deuce peut réellement aller. Avec « Au Reservoir » les choses sont légèrement différentes mais donnent aussi un peu d’optimisme dans un monde qui n’en laisse pas tellement au premier abord. Encore une fois, The Deuce laisse alors ses personnages porter leurs histoires et tout cela se fait de façon intelligente. Avec des personnages plus forts et notamment les femmes, The Deuce continue de développer un propos féministe au sein d’un univers qui est bien loin de l’être. Entre Ahsley qui quitte la ville, Eileen qui prend le contrôle derrière la caméra, ou encore Alston qui a des raisons de se sentir optimiste au sujet de sa relation avec Sandra. Les choses fonctionnent encore une fois très bien même si dans un sens je trouve que The Deuce ne parvient pas ici à atteindre la magie de l’épisode précédent. Le fait que l’on est toujours au début de l’histoire que David Simon et George Pelecanos veulent nous conter, ce qui est rassurant finalement et permet de se laisser happer par cet univers qui aime contempler avant de réellement nous jeter dans le bain. Alors que l’épisode précédent était l’épisode de Noël sans parler de Noël (un peu comme un épisode de Mad Men dont j’ai oublié le nom).
Cet épisode décide de passer à autre chose, de passer les fêtes de Noël et d’aller de l’avant par la même occasion. On pourrait donc dire qu’il y a au moins trois mois entre ces deux époisses qui se sont écoulés, ce qui permet de se poser des questions sur la façon dont David Simon construit cet univers et les personnages qui vont avec. Car le temps passe vite finalement. Nous sommes maintenant en 1972, ce qui nous plonge au coeur d’un changement profond dans l’industrie du porno aux Etats-Unis : la diffusion de Boys in the Sand et la sortie d Eeew Throat (le film dont Todd et Paul parlent au lit). Alors que nous sommes ici dans l’avant dernier épisode de la saison, je me demande vraiment ce que le dernier peut bien nous réserver. Pour le moment, The Deuce reste excitante et fascinante grâce à des retournements de situation intelligent et une vraie histoire autour de ces personnages qui fonctionne étonnamment bien. Que demander de plus en somme ? Rien.
Note : 10/10 et 9/10. En bref, avec ces deux avant dernier épisode, la saison poursuit son ascension.