The Days in the Valley est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis le début octobre sur les ondes d’ABC aux États-Unis et CTV au Canada. Sur ce qui devrait logiquement s’étendre sur une période de dix jours, nous avons pour personnage Jane Sadler (Kyra Sedgwick), une écrivaine pour la télévision qui vit un véritable cauchemar lorsque sa petite fille Lake (Abigail Pniowsky) est kidnappée. Pour le moment, le coupable semble se cacher parmi son équipe de production, mais si la police piétine, c’est entre autres parce qu’elle omet de lui révéler certains faits compromettants. Bénéficiant d’une promotion un peut-être trop effective, Ten Days in the Valley peine à combler nos attentes. Les intrigues s’en vont dans tous les sens alors que la protagoniste reçoit une quinzaine de coups de couteau dans le dos par semaine. Une chose est certaine, la confiance, ça s’effrite et les téléspectateurs ne semblent plus l’accorder à ABC pour ses soirées du dimanche.
Tomber dans sa propre série
Dans le premier jour de cette folle aventure, on a Pete (Kick Gurry), l’ex-mari de Jane qui ramène sa fille chez elle après un weekend et c’est à peine si les deux adultes peuvent échanger trois phrases sans élever le ton. Une fois la petite couchée, elle reçoit un appel du studio qui lui demande de réécrire toute une scène avant le lendemain matin. Jane y va donc avec sa routine lorsqu’elle est en manque d’inspiration : elle boit toute une bouteille de vin et reçoit un peu plus tard dans la soirée un petit sac de cocaïne de son revendeur de drogues PJ (Mark L. Young). Ce n’est qu’au petit matin qu’elle remarque l’absence de Lake et qu’elle appelle la police. Le détective John Bird (Adewale Akinnuoye-Agbaje) est chargé de l’affaire et dans un premier temps, tous sont persuadés que c’est Pete qui est derrière tout ça. Quand cette hypothèse s’avère négative, l’heure est à la panique et plusieurs gens de son entourage sont suspectés pour ensuite être relâchés. C’est d’autant plus tragique pour Jane puisqu’elle hésite à parler de la présence de PJ la nuit du drame. En attendant, celle-ci reçoit une vidéo de sa fille qui lui dit qu’elle va bien, mais aucune demande de rançon n’a été faite.
Rien qu’en lisant le résumé de la nouveauté d’ABC, on ne peut s’empêcher de grincer des dents en sachant qu’il sera question de la disparition d’un enfant. L’originalité ici est que Lake semble se porter bien puisqu’on la voit à la fin de chacun des trois premiers épisodes en assez bonne forme : elle connaît son kidnappeur. Mieux encore, selon Casey (Emily Kinney), l’assistante de Jane et la maîtresse de Pete, la petite pourrait revenir au bercail dès le quatrième jour…. En admettant que sa conversation téléphonique concernât bien Lake. Évidemment, on doute que ce soit si facile, mais il faut au moins accorder des points à la série pour ses cliffhangers efficaces. En revanche, ils sont loin de gommer les imperfections de l’ensemble.
La pseudo innovation de Ten Days in the Valley est de nous offrir une série dans une série. C’est qu’à en croire son entourage, Jane est devenue experte en rédaction sur la police, notamment grâce à son informateur secret, l’officier Gus (François Battiste). Malheureusement, au niveau du scénario on laisse passer une vraie opportunité de mélanger habilement fiction et réalité concernant ce que la protagoniste écrit et ce qu’elle vit. En effet, on est loin de La Piscine de François Ozon ou encore de Cult de The CW qui ne s’en tirait pas trop mal à ce sujet. Ici, on est littéralement dans deux histoires séparées qu’on n’arrive pas à jumeler comme il se devrait. D’un côté, on a la police qui enquête sur ses collègues, mais son lieu de travail aurait pu être différent que ça n’aurait pas changé grand-chose. De l’autre, on a le chef hiérarchique qui demande à John de découvrir l’informateur de Jane concernant ses scénarii. C’est qu’apparemment ses lignes sont tellement réelles que c’est tout le corps policier qui « tremble », ce qui est peu crédible.
Sinon, au niveau de l’histoire en général, il nous est difficile d’avaler qu’elle décide de cacher l’identité de PJ. En effet, les informations du revendeur concernant la nuit de l’enlèvement pourraient s’avérer essentielles afin de retrouver sa fille. Quant à cette dernière, une fois qu’on en est revenu d’un nom aussi insipide, l’une des seules phrases qu’elle a prononcées est pour le moins mélodramatique : « Sometimes, when I’m gone and I’m with Daddy, I miss you so much that I think I want to go to heaven. ». Ajoutons à cela un manque de rythme et une trame sonore inexistante qui nous font penser à des séries d’un autre âge et qu’Amazon cherche à ressusciter avec Bosch et Goliath.
Les dimanches soirs d’ABC
Il était un temps où le public ne se posait même pas la question : les dimanches soirs, ça se passait à ABC. C’est entre autres grâce à Desperate Housewives, puis Revenge que le rendez-vous s’était installé. Depuis l’annulation de cette dernière, la chaîne n’a jamais pu reprendre le dessus avec ses nouvelles offres. Malgré des débuts prometteurs, Quantico est rapidement devenue redondante. Même chose pour Secret & Lies qui s’essoufflait dès la deuxième saison. Sinon, les autres séries comme Resurrection, Blood & Oil, The Familly et Conviction ont toutes été annulées après peu de temps, faute d’auditoire décent. Il semble qu’on ait définitivement touché le fond avec Ten Days in The Valley. Le premier épisode n’a attiré que 3,44 millions de téléspectateurs avec un taux ridicule de 0,54 chez les 18-49 ans. Un mois plus tard, seuls 2,25 millions répondaient toujours à l’appel avec un taux s’étant stabilisé à 0,40. La bonne nouvelle ici est qu’il s’agit d’une fiction « événement » qui va se clore comme son titre l’indique au bout du dixième jour.
Au Canada, c’est CTV qui relaie la série en simultané et les données d’auditoire ne figurent même pas dans le top 30 des émissions les plus regardées de la semaine au pays. Ici, force est d’admettre que le choix de la case horaire n’était pas des plus judicieux puisque la fiction est présentée tout juste après The Disappearance qui elle aussi porte sur la disparition d’un enfant. Pour en revenir à ABC, on ignore ce que la chaîne nous concocte pour l’hiver 2018, mais sa nouvelle présidente Channing Dungey doit sentir la pression…
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