Un édito de Schneidermann très clair, sur ce sujet qui ne l'est pas encore dans la tête de beaucoup d'hommes.
"Si une femme ne dit pas non, c'est qu'elle veut dire oui !" : voilà le genre de certitude masculine que le tsunami Harvey Weinstein a fait voler en éclats, en braquant les projecteurs sur toutes les "zones grises" du consentement féminin. Certes, elles ne refusaient pas, les victimes de Weinstein. Mais c'est pourtant bien des viols, et des agressions sexuelles, qu'elles ont subi.
Mais qui donc nous a mis dans la tête ce qu'on appelle aujourd'hui des ignominies, sinon le cinéma lui-même, ce cinéma pensé par des hommes, produit par des hommes, incarné par des hommes, de James Bond à Indiana Jones, ce cinéma qui est monté à la tête d'un de ses plus puissants potentats. Quelle image du consentement féminin ont fabriqué le cinéma hollywoodien, mais aussi les séries, et le cinéma d'auteur ?
Et surtout, maintenant, comment façonner une nouvelle imagerie, pour illustrer cette vérité incroyable : quand une femme dit non, ça veut dire non. Et même quand elle ne dit rien !
Heureusement, les femmes commencent à parler. Et notre émission est ici (1
Daniel Schneidermann
N.B Du consentement...fabriqué
Cette propension à prendre l'absence de réponse pour un consentement ne date pas d'hier mais du Pape Boniface VIII (1235-1303) : "qui tacet consentire videtur" (« qui se tait semble consentir »).
Il reste le problème des femmes qui disent oui un jour et non, une autre jour.
C'est beaucoup moins courant que le cas classique des hommes qui prennent un non, ou l'absence d'un non, pour un oui, mais ça existe.
Les américains, généralement riches, ou qui auraient beaucoup à perdre dans ce genre de "malentendu", ont trouvé la solution : avant l'acte sexuel, ils font signer un papier les autorisant à procéder à l'acte !