Milan – Juve, l’électro-choc

Si la saison est encore relativement longue et que rien n’est condamné (bien qu’une nouvelle défaite rendrait inaudible un tel discours), pour certains ce match a d’ores et déjà des allures de tournant. Consolider la large victoire face au Chievo en confirmant contre le sextuple champion en titre pour définitivement lancer la machine ? C’est ce que le peuple milaniste espère tout en gardant à l’esprit, habitude oblige, que rien ne serait garanti pour autant. Bref, gare à l’enflammade.

Déjà parce qu’en ce début de saison, force est de constater que Milan peine contre les gros. Quatre matches (Lazio, Sampdoria, Rome, Inter), autant de défaites, trois buts inscrits pour onze (!) encaissés. Si dans le jeu les débats furent plutôt équilibrés (hormis le naufrage contre la Lazio où tout alla de travers), notamment face à la Roma et durant le derby, tout ne peut pas s’expliquer par un manque de réussite ou un arbitrage défaillant. Les choix de Montella, certains joueurs pas au niveau attendu, automatismes encore recherchés, adversaire dépourvu de ces incertitudes, etc., sont autant d’éléments qui paraissent plus à même d’être avancés. Ce nouveau choc est donc l’occasion de faire d’une pierre, plusieurs coups en brisant cette malédiction contre les gros afin de se donner de l’oxygène avant le déplacement chez le « modeste » Sassuolo avec l’ambition (alors) légitime d’y aller chercher une troisième victoire de rang qui pourrait enfin mettre ce nouveau Milan sur orbite.

Si l’optimisme ne saurait être de mise, et ce malgré le carton contre le Chievo que d’aucuns voient comme l’arbre qui cache la forêt, les plus superstitieux – et on sait que l’Italie du foot en compte un paquet – ne peuvent s’empêcher de penser que l’année dernière déjà, en octobre déjà, Milan recevait la Juve et… s’imposait contre toute attente ! On va pas refaire l’histoire, c’est dans toutes les têtes : but de Pjanic ou Bonucci on sait pas, ah ben non en fait pas but, nique la Var qui de toute façon n’existait pas, lulu sublime de Locatelli, merci au revoir, rideau. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’histoire se répète, d’autant que bien qu’archi favorite, cette Juventus semble plus friable défensivement (tout est relatif puisqu’elle bat des records en terme de buts marqués : pratiquement le double du Milan), notamment dans l’axe où Allegri semble encore chercher la bonne formule entre le prometteur mais perfectible Rugani, l’irrégulier Benatia et l’ancien Barzagli qui se relayent trop souvent au goût des supporters de la Vieille Dame, agacés du manque de stabilité – causé par le départ d’un Bonucci qui, pour le moment, réalise l’exploit de rendre tout le monde déçu, et certainement lui le premier – dans un secteur qui constituait pourtant ces dernières saisons sa principale qualité, celle qui la rendait crainte à travers l’Europe.

Si croire au miracle est permis, c’est aussi parce que Milan peut s’appuyer sur son homme fort, son Monsieur Plus duquel la différence se fait si souvent, en la personne de Suso. S’il n’a pas toujours pu s’exprimer comme il le souhaitait avec les changements de module et les divers repositionnements (non concluants) engendrés, un coup dans l’axe en soutien de l’attaquant, un coup en position reculée façon relayeur, et pire, en partant quelquefois du banc (ce qui n’a pas manqué de susciter frayeurs et incompréhensions dans les rangs milanistes, traumatisés à l’idée de perdre leur meilleur joueur avec les rumeurs que ces choix n’ont pas manqué d’entraîner), les dernières sorties, et particulièrement la dernière, achèveront nul doute de convaincre Montella : la place de son ailier ibérique est sur… l’aile, par définition, logique élémentaire et simple bon sens. C’est toujours à partir des joueurs que le schéma doit se penser, jamais l’inverse, et il serait aussi bien injuste qu’illogique que Suso pâtisse du recrutement.

Formation probable : Donnarumma ; Zapata, Romagnoli, Rodriguez ; Abate, Kessié, Biglia, Borini ; Suso, Calhanoglu ; Kalinic.

Forza !