Ma vie c'est empreintes, c'est chouette, c'est beau...
je découvre justement la dernière fois un coeur sous mes fesses, c'est un graffiti sur un bloc de granit que je n'avais pas remarqué, il est vieux et gravé dans la pierre, moussu, après examen minutieux marqué depuis fort longtemps, c'est "un maxou qui aime caro", je me marre... Empreintes,
à La Rochelle je vais souvent au musée du Nouveau-Monde où je suis chez moi, la dernière fois j'ai bien aimé ce collage d'image sur un mur, c'est un échange de peaux, c'était moi jadis sans doute, en Abitibi, ou sur la Côte Nord, obligatoirement, j'ai été interpellé par un portrait de mon ami de toujours Catlin, j'étais fasciné par la dignité de Mah-to-toh-pe, j'ai bien aimé le clin d'oeil de la fenêtre ouverte tout à côté, l'échange était baigné de soleil ce jour-là, la dignité rayonnait... Empreintes,
chez moi, tout contre le mur de mon garage il y a encore en cette fin d'octobre des petites fleurs de couleur rouge et jaune, ce sont des montgolfières, incroyable mais vrai, je suis resté 1/2 heure à les regarder jeudi dernier, le voisin était inquiet, j'ai vu son rideau bouger un moment, la fenêtre s'ouvrir, puis un "Ça va ?", je lui ai répondu "Oui, je regarde des montgolfières qui vont s'envoler", il a refermé la fenêtre et est vite arrivé vers moi, je lui ai montré, il en a convenu, presque dix minutes de plus se sont écoulées alors que nous étions en extase tous les deux le rideau de chez mon voisin a bougé puis très vite la fenêtre s'est ouverte et la femme de mon voisin a demandé "Ça va ?", Robert a répondu à sa femme "Oui, on regarde des montgolfières s'envoler...", elle est arrivée, on s'extasiait vraiment tous les trois mais je suis rentré chez moi, un thé qui n'en finissait plus d'infuser m'attendait et j'avais de la peinture à faire... Empreintes,
sur ma terrasse je peins deux sculptures que Dominique ma collègue théâtreuse et artiste m'a offertes. Glaise brute, je mets quelques taches de couleurs, je ne veux pas peindre parfaitement, je veux que la couleur émerge presque maladroitement de la glaise, comme dans la naissance biblique primordiale. La glaise est matière, elle est couleur qui se suffit, je mets quelques touches de lumières sur les habits et instruments des musiciens, sur quelques parties du personnage étrange que Dom a tiré de l'univers de Hieronymus Bosch... Empreintes,
samedi dernier on travaillait chez Martine avec les collègues de notre troupe de théâtre, petit "bing" sur sa vitre, heureusement petit, on regarde, une grive musicienne un peu nunuche devait regarder derrière elle et s'était payée le carreau. KO la grive ! Martine, mémère à chienchien, à tout ce qui est animal, oiseau, insecte, papillon, chômeur, migrant méditerranéen, enfant perdu, se précipite, la prend dans sa main, la cajole, lui fait du bouche à bec, un massage cardiaque et 5 minutes après la grive s'envole en regardant devant cette fois, elle avait permis que nous admirions de près son plumage d'automne magnifique... Empreintes,
demain je retourne à l'hôpital Haut Lévesque de Bordeaux, rendez-vous avec l'anesthésiste, mercredi 8 j'y retournerai pour me faire opérer de mon cancer du pancréas. Comme la petite grive musicienne, tirer l'envol d'un choc, comme chez Bosch, expliquer l'étrange, lui trouver un sens, comme à La Rochelle, savoir que c'est le moment de l'échange, du troc, échanger ma vieille peau pour une nouvelle...
Empreinte, partage et connaissance, tout est empreinte, partage et connaissance...