L’étude révèle que cette intensité carbone a connu une forte réduction en 2016 par rapport à son rythme historique moyen d’environ -1,3% par an jusqu’en 2014. Cependant, les objectifs sont encore loin d’être atteints : si l’intensité carbone de l’économie mondiale a chuté d’environ 2,6% sur les trois dernières années, cette baisse ne correspond même pas à la moitié de l’effort nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés avant la fin du siècle. Seulement deux pays, le Royaume-Uni et la Chine, sont parvenus en 2016 à réduire leur intensité carbone conformément à l’objectif des 2 degrés, alors qu’une grande majorité des pays du G20 reste à la traîne. Alors que la consommation de charbon a chuté dans beaucoup de pays du G20 grâce à des initiatives nationales de transition énergétique, celle-ci s’est en réalité « déplacée » vers d’autres pays, comme l’Inde, la Turquie ou l’Indonésie, qui ont fortement augmenté leur production d’énergie à partir de charbon. Ainsi, le charbon continue aujourd’hui de fournir un tiers des besoins en énergie de l’humanité et sa consommation n’a reculé que de 1,4% au niveau mondial. La consommation d’hydrocarbures a, quant à elle, augmenté de 1,8%. Et pour ce qui est du solaire et de l’éolien, ils enregistrent une augmentation de 30% et 15,9% respectivement, mais restent des sources d’énergie très mineures à l’échelle mondiale. La France se classe parmi les moins bons élèves pour cette année, tout en restant un cas à part.
Après avoir réduit son intensité carbone de 9% en 2014, elle n’a pas réussi à rééditer cette performance en 2016 pour continuer à montrer l’exemple. En effet, celle-ci a augmenté de 0,4% entre 2015 et 2016, faisant entrer la France dans le top 5 des mauvais élèves. Avec 2,4% de réduction moyenne de son intensité carbone sur la période 2000-2016, la France doit désormais décarboniser son économie de 3,2% chaque année entre 2016 et 2030 pour être en ligne avec ses objectifs à l’horizon 2030. Selon Sylvain Lambert, associé responsable du département Développement durable chez PwC : « La France est toujours loin des objectifs fixés par les Accords de Paris. Cependant, elle bénéficie d’une longueur d’avance confortable sur les autres puissances économiques, puisqu’avec 118 tonnes de CO2/million de dollars de PIB, elle conserve l’intensité carbone la plus faible du G20. »
Autres articles
-
Les Français rêvent de faire une pause dans leur vie professionnelle
-
Les aides sociales à l’heure de la digitalisation
-
Accueil des personnes âgées : entre progression et diversification de l’offre
-
Le système redistributif réduit fortement la pauvreté
-
728 000 résidents en établissements pour personnes âgées
Pour Olivier Muller, directeur au sein du département Développement durable de PwC, « l’évolution structurelle de l’économie chinoise a joué un rôle important dans la décarbonisation du pays, le tertiaire ayant crû plus rapidement que d’autres secteurs à plus forte intensité énergétique. La Chine s’est par ailleurs dotée d’importantes capacités d’énergie renouvelable en 2016, dépassant même les Etats-Unis dans ce domaine. »
Au Royaume-Uni, le taux de décarbonisation est près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale. Cela s’explique, entre autres, par une chute des émissions de 6% due au passage du charbon au gaz et par la baisse de la consommation d’énergie. Le Royaume-Uni a atteint en 2016 le plus fort taux moyen de décarbonisation depuis l’an 2000. Si l’on en reste à ce rythme de progression sans inverser la tendance, en 2036, le « budget carbone » (la quantité maximale de carbone que l'on peut émettre sans dépasser la limite de +2 degrés) sera épuisé. Alors que les États s’apprêtent à discuter d’un relèvement de leurs objectifs nationaux lors de la conférence de Bonn sur les changements climatiques, la semaine prochaine, l’étude met en lumière le fait que l’Accord de Paris ne pourra être tenu que si tous les pays s’engagent à accélérer leurs actions.
Sylvain Lambert conclut : « Au regard des actions prises pour le climat et le respect de l’objectif des deux degrés, l’abîme qui sépare les États en tête de notre indice de ceux les moins bien classés ne fait que se creuser, ce qui est source de tensions pour l’économie au niveau mondial. Les entreprises sont encouragées, notamment par les investisseurs, à évaluer les risques associés au scénario des 2 degrés de réchauffement climatique. Mais rares sont encore les entreprises qui formulent leurs prévisions ou leur planification en fonction de cet objectif. Malgré la hausse de la tarification du carbone à travers le monde, le signal du prix reste souvent trop faible pour motiver un véritable investissement dans l’économie décarbonée. »