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[Critique] A Ghost Story

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] A Ghost Story

[Critique] A Ghost Story
Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d’un homme (Casey Affleck) rend visite à sa femme en deuil (Rooney Mara) dans la maison de banlieue qu’ils partageaient encore récemment. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, et qui lui échappe inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l’existence et à son incommensurabilité.

Après Les Amants du Texas en 2013, le réalisateur/scénariste David Lowery réunit à nouveau Casey Affleck et Rooney Mara devant la caméra dans A Ghost Story, sa toute dernière création. Déjà sorti en salle et en vidéo aux États-Unis, le long-métrage n’a toujours pas de date de sortie officielle en Belgique (le 20 décembre en France). Une bien triste nouvelle au regard de ses nombreuses qualités et de son immense singularité.

Projeté en 4/3 dans un cadre doté de contours arrondis, le film séduit immédiatement par sa somptueuse photographie. Sous ses allures vintage, celle-ci nous plonge effectivement dans une époque semblant totalement perdue dans le temps, faisant écho au propos du récit sans jamais toutefois prendre le pas sur le fond. A grands coups de plans fixes et interminables, le cinéaste insuffle à son œuvre une atmosphère absolument incomparable, vectrice d’émotions subtiles et intenses. Certes, les premières minutes du film peuvent se révéler déroutantes pour tout un chacun, mais l’expérience proposée est particulièrement riche dès lors qu’on rentre véritablement dans l’histoire. A ce titre, la scène qui voit le personnage de Rooney Mara engloutir entièrement une tarte pour noyer son chagrin est parfaitement représentative du film : une scène longue et éprouvante mais d’une puissance émotionnelle rare. Enfin, pour conclure sur la dimension technique, le choix, un peu cliché au départ, du fantôme vêtu d’un drap blanc avec deux trous pour les yeux s’avère au final incroyablement judicieux, tant sur le plan purement esthétique (les images sont superbes) que dans l’optique de véhiculer des émotions fortes (mélancolie, tristesse, nostalgie…) en s’y attardant.

[Critique] A Ghost Story
Convaincant sur la forme, le long-métrage l’est tout autant sur le fond, sinon plus. A travers cette singulière histoire de deuil, le scénario aborde en effet une multitude de thématiques, toutes interconnectées entre elles. Ainsi, au-delà de la perte de l’être cher, sujet central du film, c’est toute la notion d’amour, de temps, d’espoir et même d’héritage (au sens de trace laissée aux générations futures) que le script évoque. Une richesse et une profondeur qui permettent de considérablement stimuler la réflexion, cette dernière étant, de surcroît, constamment nourrie par les épisodes dont est témoin le fantôme au cours de son voyage dans le temps et l’espace. Un voyage qui laisse finalement assez peu de place aux certitudes, privilégiant souvent les questions aux réponses. Il en découle du coup un film faisant plus que jamais appel au ressenti personnel. A l’image par exemple du superbe dénouement final, symbolisant la liberté tant attendue pour certains et l’espoir définitivement perdu pour d’autres. Signalons aussi pour terminer la superbe composition musicale de Daniel Hart, déjà à son avantage dans le superbe drame romantique Comet, et le jeu tout en délicatesse de Rooney Mara, décidément remarquable d’authenticité.

Avec A Ghost Story, David Lowery signe donc un drame singulier, s’appuyant brillamment sur le thème du deuil pour évoquer l’amour, l’espoir ou encore le temps qui passe. Fort d’un scénario profond, le film séduit principalement par son atmosphère incomparable, caractérisée par des scènes plutôt éprouvantes formellement mais complètement désarmantes émotionnellement. Un véritable petit bijou !



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