Magazine Journal intime

Le retour de John

Par Gui10sto
De retour d'un périple dans l'ouest américain qui s'est achevé à Los Angeles, j'ai décidé de me replonger dans la lecture de John Fante. J'ai peuplé les heures imbéciles passées dans le Boeing 777 à l'aller comme au retour à tenter de conserver mon enthousiasme en lisant "Les frères Karamazov" de ce bon vieux Fédor. Mais une fois de retour sur le sol français, j'ai vu avec émotion les 2 premiers volumes de l'intégrale des romans de Fante qui m'attendaient sur ma table de nuit. Et comme les choses sont parfois bien faites, le premier roman du premier tome de cette intégrale en trois volumes de chez Bourgois démarre avec "La route de Los Angeles". Le retour de JohnRelire (je devrais plutôt dire re-relire) John Fante reste un plaisir sans cesse renouvelé dont je ne me lasse pas. C'est la quatrième fois en vingt ans que je lis ce premier roman que pourtant l'auteur n'a publié que quelques années avant sa mort, au milieu des années 80. Aujourd'hui, je ne peux qu'admettre la réalité : sans John Fante, jamais je ne me serais remis à écrire. Et jamais je n'aurais autant aimé lire. Je ne saurais que vous encourager à vous plonger dans l'oeuvre de John Fante, très souvent et injustement saluée par la critique bobo branchouille que pour "Mon chien stupide" qui reste certes un roman sympathique mais qui n'a pas la verve ni l'emphase dramatique, ni même la rage - en un mot le caractère - de ce premier roman ou du formidable "Demande à la poussière". Mais qu'importe. Soyons magnanime. Tout est bon chez Fante. La preuve avec un extrait de "La route de Los Angeles" traduit par le toujours inspiré et incontournable Brice Matthieussent. Il s'agit de l'extrait d'une lettre que le narrateur, Arturo Bandini, laisse à sa mère à la fin du roman pour expliquer son départ de la maison où il vit seul avec sa génitrice et sa sœur. " Chère femme qui m'a donné la vie,
les vexations et les perturbations insupportables de cette soirée se sont subséquemment résolues en un état qui me précipite, moi, Arturo Bandini, vers une décision aussi gargantuesque que pantagruélique. 
Je vous en informe donc en termes décisifs. Ergo, je vous quitte sur l'heure, ainsi que votre charmante fille (ma soeur bien-aimée Mona) pour partir à la recherche des fabuleux usufruits de ma carrière naissante dans la plus profonde des solitudes. En d'autres termes, ce soir je pars pour la métropole orientale - notre Los Angeles, la cité des anges... Bien que sans le sou, je vous somme en termes catégoriques de mettre un terme à votre anxiété cérébrale relative à mon destin, car il repose véritablement entre les mains des dieux immortels. Au fil des ans, j'ai fait une lamentable découverte: vivre avec vous et Mona est totalement délétère et incompatible avec le but élevé et magnanime de l'Art "

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