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Daguerrotype_trailer us_h264

Par Julien Leray @Hallu_Cine

Procédé photographique requérant une extrême patience, le daguerréotype est de ces pratiques artistiques dont la précision requise n’a d’égale que leur noblesse d’exécution. Une vision de la photo aujourd’hui quasiment disparue, et avec elle, une certaine idée de l’art dans ce qu’il peut incarner de plus exigeant.

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Une résurgence du passé dont Stéphane (Olivier Gourmet) a fait sa spécialité, l’incarnation de ce qu’il considère comme étant à ses yeux la véritable photographie, la seule à même de capter l’âme de ses sujets, de faire accéder ces derniers à une certaine forme d’éternité.

L’art comme vecteur d’immortalité, l’expression artistique comme manifeste et testament d’un message intemporel dont l’œuvre devient le catalyseur sacré.

Marie (Constance Rousseau), la fille de Stéphane, aura beau dire à Jean (Tahar Rahim), assistant de ce dernier et celui qui deviendra bien vite son amant, qu’il faut profiter du présent avant de penser à l’avenir, Kiyoshi Kurosawa vient vite rappeler qu’il n’est rien de plus difficile que de savourer l’instant lorsque l’on rêve constamment plus grand.

Un message forcément ironique quand vient le moment de noter que la même problématique traverse de part en part Daguerrotype (ou Le Secret de la Chambre Noire en français), moins Gaston Leroux que mou, où mystère et cérébral se confondent dans une froideur de saison, désespérément automnale.

Après Paul Verhoeven et Elle, le choc des cultures, avec Daguerrotype et Kurosawa, a lieu une nouvelle fois. À l’opposé du dynamitage en règle opéré par le pamphlétaire hollandais, le cinéaste japonais, lui, convoque la figure du fantôme chère au cinema insulaire pour l’appliquer à une structure dramatique classique, pour le cinéma français des plus familières.

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Clin d’œil assumé, ou signe d’une déférence marquée envers un pays où il rêvait de tourner, toujours est-il qu’au terme de deux heures de construction lancinante et étirée, force est de constater que du français et du japonais, le premier a fini par largement l’emporter.

L’esthète Kurosawa aura bien sûr souvent droit de cité, proposant des plans à la composition soignée bien au-dessus de la moyenne. La noblesse de l’art, encore.

Du daguerréotype, résultera dans Le Secret de la Chambre Noire cet amour du sublime, cette ode à la patience dont doit émerger le sens. Sans pour autant faire oublier que lorsque les mots viennent prendre le pas sur l’émotion et les maux, la puissance d’évocation des images s’amoindrit trop souvent sous le poids d’un verbe artificiel définitivement trop haut. Une fragilité singée au lieu d’être incarnée ; surexpliquer au détriment d’un cadre en mal de s’exprimer.

« Est-ce que c’est ça la réalité ? Où est la limite ? » Dans Daguerrotype, nul besoin de patienter deux heures : la réponse, tout sauf mystérieuse, viendra bien vite.

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