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Max | Humaine Comédie

Publié le 08 novembre 2017 par Aragon
Et, riche de dépossession, n'avoir que sa vérité,
Posséder toutes les richesses,
Ne plus parler de poésie, ne plus parler de poésie,
Mais laisser vivre les fleurs sauvages
Et faire jouer la transparence
Au fond d'une cour aux murs gris
Où l'aube aurait enfin sa chance,
Vivre, vivre avec tendresse,
Vivre et donner avec ivresse !
BARBARA (Perlimpinpin)

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Je me réveille tôt, ce matin, personne n'a toqué à la porte de ma cellule, je ne suis pas Christian Ranucci aux Baumettes, je pense à lui, là, à l'instant, pourquoi ?

Je me dresse sur ma couche, les coudes appuyés sur le matelas, j'allume ma lampe Miró, je suis là, Amou, chez moi, ce n'était pas un mauvais rêve, quelque chose m'a réveillé, je pense immédiatement à un chemin, oui, ce n'est pas Christian, c'est toi Alighieri, c'est toi amico mio... Dante me suit depuis ma plus tendre jeunesse, ses mots sont si clairs ce matin, c'est donc toi qui chuchotais à mon oreille dans mon sommeil, c'est toi qui m'a réveillé...

Au milieu du chemin de ma vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvai dans une forêt obscure . Ah ! qu’il serait dur de dire combien cette forêt était sauvage, épaisse et âpre, la pensée seule en renouvelle la peur, elle était si amère, que guère plus ne l’est la mort ; mais pour parler du bien que j’y trouvai, je dirai les autres choses qui m’y apparurent . Comment j’y entrai, je ne le saurais dire, tant j’étais plein de sommeil quand j’abandonnai la vraie voie, mais, arrivé au pied d’une colline, là où se terminait cette vallée qui de crainte m’avait serré le cœur, je levai mes regards, et je vis son sommet revêtu déjà des rayons de la planète qui guide fidèlement en tout sentier, alors la peur qui jusqu’au fond du cœur m’avait troublé durant la nuit que je passai avec tant d’angoisse fut un peu apaisée...

Le taxi me prendra en fin de matinée, je pense revenir, j'ai beaucoup de choses encore à faire, à vivre et à écrire. Le chirurgien m'a expliqué il y a quelques jours au téléphone ce qu'il allait faire d'une voix douce, lente, mystérieuse, presque obscène, j'ai alors vu des morceaux de mon intérieur disparaître, nodule-tique cancéreux, pancréas, vésicule, estomac, intestin, veines, nerfs, sutures, sang... un moment sans l'écouter sans écouter même ma voix, ma pensée s'est faite mots, allez-vous me laisser quelque chose à l'intérieur ?

J'ai mis ma main sur ma poitrine et j'ai alors senti comme chez Michaux, le trou, le petit trou à l'intérieur duquel il y souffle un vent terrible... Je ne l'ai plus entendu après. Il était loin le chirurgien. Le téléphone bipait dans ma main...

Tout à l'heure le taxi m'amènera à l'hôpital de Bordeaux Haut Lévesque, j'ai très peur mais je suis joyeux, une foule de gens qui m'aiment et que j'aime est avec moi aussi, ne plus attendre dans la nuit, enfin, et puis, les grands vents ont toujours étés mes amis...


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