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Amelia et ses dix bras ou le bon d'achat

Publié le 08 novembre 2017 par Desfraises

Je vais vous raconter une petite histoire de ma vie ordinaire. Ceux qui sont intolérants non pas au gluten ou au lactose mais à la gentillesse, à la bienveillance, voire à la simplicité des gens et des choses, passez votre chemin.
Mon chemin, ce matin, devait se faire à pied. Vingt minutes pour me rendre à la grande enseigne dont je vous narre un minuscule épisode dans deux paragraphes. J'ai finalement opté pour le vélo en libre service qui me tendait le guidon en bas de la rue. Ce furent donc dix minutes barbe au vent et bon d'achat dans la poche de mon blouson.
J'ai bien fait de changer d'avis car ce billet n'existerait pas, le retour de ce blog aurait encore été repoussé aux calendes grecques. Pour les Marseillais, c'est un froid glacial qui s'installe dans la ville (titre le quotidien La Provence), pour moi qui ai connu la grisaille et la froidure à Paris, j'évoquerais plutôt un froid tout simple sans épithète sans superlatif. J'ai répété trois fois froid (répétez trois fois après moi : trois fois froid), peu me chaut.
Je dis bonjour à Amelia qui tient l'accueil de cette grande enseigne que je visite régulièrement depuis mon installation à Marseille. J'ai tout de suite accroché avec Amelia. Professionnelle, rapide, efficace et excessivement aimable mais sans jamais une once de mièvrerie. Elle est d'un calme et d'une douceur qui tranchent avec sa rapidité, son efficacité. Vous me direz, l'un ne va pas sans l'autre, vous aurez raison et Amelia en est la preuve vivante. Avec toujours un trait d'esprit ou un mot gentil.
Fourrageant dans mes poches de blouson, de pantalon, je cherche le bon d'achat que j'étais venu dépenser. En vain. Je remémore ma main sur ce bout de papier dans une poche que, bêtement, je n'avais pas zippée. Autant l'emporte le vent.
Je tente ma chance auprès d'Amelia qui est débordée et lui demande : avec ma carte de fidélité, vous n'avez pas moyen de le réimprimer ? Une grimace signifiant j'aimerais bien mais je ne peux pas déforme son visage. Las, je dis tant pis pour moi, je n'avais qu'à faire attention. Je lui tends mes achats. C'est un accueil qui fait office de caisse, elle scanne les articles, répond au téléphone, appelle au micro Jean-Christophe du rayon bidule à rejoindre son rayon bidule, demande à Olivier passant par là d'arroser s'il te plaît les plantes qui font peine à voir. Et si ça ne me plaît pas ? Eh bien tu le fais quand même, lui rétorque-t-elle tout en farfouillant dans son ordinateur. J'ai compris qu'elle avait décidé d'enfiler son habit de magicienne pour faire réapparaître mon bon d'achat disparu. Amelia continue d'agiter ses dix bras pour satisfaire le maximum de clients. Elle dit non fermement mais avec pédagogie. Elle dit oui avec plaisir bonne journée madame. Elle rappelle Jean-Christophe qui est toujours attendu au rayon bidule.
Puis elle finit par sortir de son chapeau de magicienne le bon d'achat de onze euros que le vent m'avait raflé. Elle m'adresse un sourire énigmatique, candide et me dit posément : "Je n'ai rien fait, ok ?" Je réponds avec un clin d'œil et la remercie discrètement, si tant est qu'un clin d'œil puisse être discret.
Le plus incroyable dans cette histoire ordinaire, c'est qu'en rentrant, à pied cette fois-ci, parcourant le kilomètre et demi séparant la grande enseigne de mon domicile, sans follement chercher, j'ai remis la main sur le fameux bon d'achat portant nom et prénom de votre serviteur qui avait échu sur un coin de trottoir (le bon d'achat, pas votre serviteur).
La prochaine fois, j'offrirai peut-être une boîte de bonbons à Amelia. Ou le lien de ce billet de blog. Ou les deux.

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