Mal-aimées des banques depuis toujours, les petites entreprises deviennent maintenant les chouchoutes d'une génération entière de nouveaux entrants de la FinTech. Avec le lancement de QuickBooks Capital, qui donne accès à un crédit depuis son logiciel de comptabilité, Intuit s'inscrit toujours plus profondément dans cette tendance.
Au cours de ces dernières années, les TPE et les PME ont vu se développer de multiples offres alternatives spécifiquement conçues pour leurs besoins et leurs situations, entre startups spécialisées (telles que Kabbage) et Amazon, entre autres. Depuis longtemps, Intuit a aussi établi des partenariats plus ou moins étroits avec un certain nombre d'acteurs (dont American Express, notamment) afin d'enrichir sa proposition de valeur. Cette fois, cependant, l'éditeur devient lui-même établissement de crédit.
En pratique, la première qualité de QuickBooks Capital est sa simplicité d'utilisation. Depuis son outil comptable, le demandeur consulte les conditions qui lui sont réservées pour un prêt (jusqu'à 35 000 dollars), avec une transparence totale sur les coûts associés. Une fois décidé, il souscrit en quelques minutes, en évitant un maximum de tracasseries administratives, puisque la plupart des informations nécessaires sont captées directement dans le logiciel. Les fonds sont alors versés sous 2 à 3 jours. Les remboursements sont ensuite prélevés automatiquement sur le compte bancaire de l'entreprise.
En arrière-plan, ce sont naturellement les données comptables détenues sur les sociétés utilisatrices de QuickBooks qui permettent à Intuit de gérer le risque de défaut et, par conséquent, de déterminer instantanément l'éligibilité et les termes du prêt qu'elle peut consentir. Dans un premier temps, ses algorithmes ont été exercé sur le gigantesque historique d'activité (dûment anonymisé) dont elle dispose, après quoi ils sont appliqués individuellement à chaque demande et raffinés au fur et à mesure des emprunts souscrits.
Ce que démontre ce cas est que, aujourd'hui, le premier critère à remplir pour lancer un service de crédit est d'avoir accès à des données riches sur la clientèle visée (et de savoir les exploiter). Pour cette raison, le segment des PME se trouve particulièrement exposé à l'émergence d'une concurrence féroce, car, alors que les institutions financières traditionnelles peinent à obtenir les informations qu'elles utilisent habituellement pour évaluer le risque, d'autres acteurs cultivent, par des moyens différents, une connaissance intime de leur fonctionnement, leur procurant un avantage incomparable.