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Verdict : le calot en tissu est plus hygiénique que les coiffes jetables

Publié le 12 novembre 2017 par Khaled Benokba

Aux Etats-Unis et à un moindre degré en France, on assiste à un conflit de valeurs dans les blocs opératoires : les chirurgiens et infirmiers anesthésistes privilégient les calots en tissus attachés à l’arrière du crâne, alors que les hygiénistes et l’encadrement ne jurent que par les coiffes jetables.

Une étude publiée à l’occasion du congrès 2017 de l’American College of Surgeons par le Dr Troy Makel (Indianapolis, Etats-Unis) devrait conforter les soignants puisqu’elle montre que les coiffes en tissus protègent mieux contre la contamination en particules et en microbes de l’air des salles d’opérations que les bonnets ou charlottes jetables.

Calot en tissu, le symbole du chirurgien

En 2013, l’Association des infirmières de bloc (Perioperative Registred Nurses) affirmait que les zones découvertes du visage et du crane du personnel des salles d’opérations pouvaient être à l’origine de contaminations bactériennes des patients. Une recommandation d’utilisation de coiffes recouvrant « les oreilles, le cuir chevelu, la base du crâne, les pattes, rouflaquettes ou favoris » avait été émise.

Les hôpitaux sont restés longtemps vagues dans leurs règlements intérieurs mais ils mettaient à la disposition des soignants de plus en plus de charlottes dans les blocs opératoires. Les chirurgiens se sont opposés en masse à cette pratique arguant d’un mauvais confort pendant des interventions parfois longues, de phénomènes d’irritations liés aux apprêts utilisés sur les tissus jetables et d’une perte partielle d’audition avec les charlottes couvrant les oreilles.

En 2016, l’American College of Surgeons affirmait en outre que le « calot en tissu est le symbole reconnu du métier de chirurgien ».

Une heure d’intervention simulée

L’étude réalisée par le Dr Makel et une équipe composée d’un microbiologiste, d’ingénieurs spécialisés dans la ventilation des salles d’opération, d’un hygiéniste expert dans l’analyse de l’air a consisté à comparer la qualité de l’air et les dépôts de particules ou de bactéries selon l’utilisation de 3 types de « couvre-chefs » : calots en tissus, calots en matériel jetable et charlottes.

L’équipe chirurgicale a réalisé des interventions simulées et scénarisées d’une heure consistant à couper de la viande animale, et ce dans 3 établissements différents utilisant un système de flux d’air spécifique.

C’est avec les calots en tissus que la présence de particules dans l’air était la moins importante, la différence dépasse même le seuil de la significativité pour les particules de 0,5 ou 1 µm (p=0,03). Le nombre de colonies bactériennes recueillies sur des milieux de cultures plans répartis dans les pièces était plus élevé avec l’utilisation de charlottes. Aucun cheveu n’a souillé les salles d’opérations quel que soit le calot utilisé.

“C’est avec les calots en tissus que la présence de particules dans l’air était la moins importante.”

Une entorse au règlement de la police des vestiaires du bloc ?

L’analyse de la perméabilité des différentes coiffes montre que les matériaux jetables sont systématiquement plus poreux que les tissus.

Pour le Dr Makel, « cette étude est la preuve que les calots en tissus restent la meilleure option. Néanmoins, il convient de noter que les hôpitaux ne disposent pas de programmes de lavages spécifiques pour ces pièces de tissus. Il est essentiel qu’elles soient lavées quotidiennement, et non oubliées au fond d’un casier et réutilisées tous les jours ».

Le chirurgien d’Indianapolis a précisé que cette étude – qui est la première du genre – sera très probablement contestée par des hygiénistes qui imposeront d’autres expériences pour obtenir des réponses définitives.

En attendant, la « police hygiéniste des vestiaires » chargée de faire respecter la tenue réglementaire au sein des hôpitaux ne pourra plus imposer le recours inesthétique et peu confortable aux charlottes de bloc, et les chirurgiens pourront porter haut le symbole de leur profession.

“Il est essentiel qu’elles soient lavées quotidiennement, et non oubliées au fond d’un casier et réutilisées tous les jours.” Dr Troy Makel

Dr Isabelle Catala. Le calot de bloc opératoire en tissu plus hygiénique que les coiffes jetables – Medscape – 9 nov 2017.


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