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France vs All Blacks – 45 minutes chrono

Publié le 13 novembre 2017 par Sudrugby

Steve Hansen avait donc l’opportunité de continuer à juger de la performance des recrues de cet été et à cet égard les Kane Hames, Nepo Laulala, Nathan Harris, Vavae Fifita, Damian McKenzie devaient confirmer leur statut de doublures de talent et de luxe. En ce sens, la composition alignée respectait la philosophie des Blacks : des tauliers qui encadrent de récents capés sur le pré pour peaufiner encore et toujours un projet de jeu ambitieux dont la fluidité demeure la pierre angulaire et qui ne s’obtient qu’à force de jouer ensemble et d’affronter l’adversité en restant solidaires. La première mi-temps a, en l’occurrence pu le contenter grandement. Sans forcer outre mesure leur talent, les Blacks ont été bougrement solides sur les fondamentaux. Une conquête satisfaisante, une charnière dynamique et plutôt inspirée, une défense hermétique et quelques fulgurances en attaque ont suffi à asseoir leur victoire. Loin d’être constamment géniaux, la Nouvelle-Zélande prouve qu’elle sait construire sa victoire pas à pas en soumettant l’adversaire à un rythme qui l’asphyxie. Pas plus, pas moins. Les Français les ont certes un peu aidés dans cette besogne en passant totalement à côté de leur début de match mais l’adversité y était peut-être pour quelque chose.

Bien évidemment au vu de cette première mi-temps, la physionomie de la seconde période a pu en étonner plus d’un. Les All Blacks se sont mis à encaisser des points, à commettre des fautes, en un mot à déjouer. Les observateurs qui les suivent régulièrement savent pertinemment que ce n’est pas la première fois que ce cas de figure se produit. Effectivement, l’équipe de Steve Hansen, lorsqu’elle possède une avance confortable, peut doucement perdre ce qui fait sa marque de fabrique, c’est-à-dire la fluidité d’un rugby virevoltant et brillamment opportuniste. D’aucuns estiment que la bande à Kieran Read se met alors en mode gestion, qu’elle voit venir en s’autorisant quelques petits roupillons salvateurs sur le terrain. C’est loin d’être évident et la faute grossière de Sonny Bill Williams (geste autorisé à XIII, ceci explique peut-être cela), et dont la performance était tout à fait honorable jusqu’alors, est révélatrice de la fébrilité dont peuvent faire parfois preuve les triples champions du monde. L’accumulation d’erreurs surprenantes pour ne pas dire stupides (la charge inutile de Ofa Tu’ungafasi, le renvoi de Beauden Barrett directement en touche…) prouve que Steve Hansen et son staff ont encore du travail pour éviter que ne se reproduisent de manière aussi flagrante ces trous d’air qui permettent aux équipes en face d’espérer inverser la tendance.

Il est tentant alors d’évoquer le facteur « fatigue » puisque que les Blacks sont en fin de saison mais cela ne semble pas expliquer totalement ces périodes de relâchement. En effet, que l’adversaire ait des temps forts, cela n’est pas illogique, l’équipe de France sait tout de même jouer au rugby et possède en son rang des talents mais que les coéquipiers de Beauden Barrett soient ainsi acculés sans jamais donner l’impression de pouvoir sortir de leur camp peut laisser perplexe. Bien sûr, il ne serait pas illégitime de considérer que le verre est également à moitié plein et que malgré leur apathie en seconde période, les hommes en noir (pour l’occasion en blanc) sont toujours capables sur l’une de leurs rares incursions dans les 22 adverses d’inscrire un essai avec une facilité déconcertante. Ce fut le cas ce samedi et Naholo a fini de sceller un score qui au bout du compte ressemble à s’y méprendre à une petite correction. C’est tout le paradoxe. Reste que les Blacks ont fait le boulot et tous ceux qui s’étonnent de ne pas les trouver si impériaux que ça devraient comprendre une bonne fois pour toutes que la Nouvelle-Zélande est capable de gagner sans avoir à jouer constamment les Harlem Globetrotters du rugby, c’est aussi sa force. Ces gars-là peuvent souffrir, peuvent s’arc-bouter, peuvent déjouer même à l’occasion mais demeurent terriblement difficiles à battre parce que désormais, et ce depuis leur titre de 2011, même sous pression, ils ne paniquent plus et savent ce qu’ils ont à faire pour endurer le moins douloureusement possible les mauvais quarts d’heure que beaucoup équipes sont susceptibles de leur faire passer.


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