Crainte de la récidive, crainte même en cas de perception de nouveaux symptômes de revoir l'oncologue et de " revenir en arrière ", de nombreux survivants du cancer vivent avec le syndrome de stress post-traumatique, révèle cette enquête de de l'Université nationale de Malaisie. Des données présentées dans la revue Cancer qui rappellent l'énorme besoin de prise en charge psychologique des patients à l'annonce du diagnostic, durant le traitement mais aussi après l'annonce de la rémission.
Si le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) touche majoritairement des personnes victimes d'un événement traumatisant de type accident grave ou catastrophe naturelle, il peut également survenir chez les patients atteints de cancer. L'étude révèle que près de 20% des survivants de cancer vivent en effet avec le SSPT toujours plusieurs mois voire des années après le diagnostic. Les chercheurs soulignent donc la nécessité d'une identification précoce du SSPT, d'un suivi attentif et de sa prise en charge chez ce groupe de patients.
Les chercheurs ont suivi 469 adultes atteints de différents types de cancer, à partir du mois ayant suivi le diagnostic et jusqu'à 4 ans après le diagnostic. Ces participants ont subi des tests psychologiques à 6 mois et à 4 ans. Ces évaluations cliniques révèlent :
- une incidence du SSPT de 21,7% à 6 mois,
- une incidence, toujours de 6,1% à 4 ans.
- Si l'incidence du SSPT diminue avec le temps, environ un tiers des patients initialement diagnostiqués avec SSPT présentent des symptômes persistants ou qui s'aggravent 4 ans plus tard.
- Cependant, comparativement aux patients atteints d'autres types de cancer, les patientes atteintes d'un cancer du sein s'avèrent 3,7 fois moins susceptibles de développer un SSPT à 1 à 6 mois, mais pas à 4 ans. Dans le centre de cancérologie de l'étude, ces patientes avaient en effet accès à un programme de soutien et de conseils dédié au cancer du sein.
Le Dr Chan, auteur principal de l'étude et clinicien commente ces résultats : " De nombreux patients atteints de cancer croient devoir adopter une mentalité de guerrier, rester positifs et optimistes, du diagnostic au traitement, pour avoir une meilleure chance de maîtriser leur cancer. Cependant, les patients devraient être plus conscient des bénéfices à rechercher l'aide de professionnels pour mieux parvenir à gérer le bouleversement émotionnel que constitue l'annonce du diagnostic, et prévenir le risque de dépression, d'anxiété et de SSPT post-cancer ".
Les facteurs de SSPT post-cancer comportent notamment la crainte de la récidive, la crainte de revoir le médecin et les patients éprouvent de l'anxiété à chaque nouveau signe, " boule ", douleur, fatigue ou fièvre. Les survivants refusent ou évitent de se souvenir de leur expérience du cancer, retardent leur recherche d'aide ou de conseil voire même refusent la perspective d'un nouveau traitement.
" Nous avons besoin de plus de services d'évaluation psychologique et de soutien pour les patients atteints de cancer qui prennent en charge ces patients, de l'annonce du diagnostic à la période post-cancer, car le bien-être psychologique, la santé mentale et donc la qualité de vie sont tout aussi importants que la santé physique ".