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[Critique] A Beautiful Day

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] A Beautiful Day

[Critique] A Beautiful Day
Réalisé par Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), A Beautiful Day (You were never really here en VO) est un thriller dramatique mettant en scène Joaquin Phoenix. Il interprète Joe, un vétéran brutal et torturé qui se lance à la recherche de la fille d’un sénateur (Ekaterina Samsonov), disparue depuis plusieurs jours. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

Couronné du prix d’interprétation masculine et du prix du scénario lors du dernier Festival de Cannes, A Beautiful Day est un film qui vaut surtout pour sa forme, extrêmement soignée et élégante. De la photographie au montage, en passant par la mise en scène et la BO, l’expérience formelle que nous propose Lynne Ramsay est en effet particulièrement convaincante. On appréciera notamment l’important travail effectué sur le son, qui confère à l’œuvre une atmosphère singulière, et la gestion intelligente du hors champ pour suggérer les pires horreurs. Malheureusement, tous les efforts techniques déployés par la cinéaste britannique ne suffisent pas à masquer les faiblesses d’un scénario qui montre très vite ses limites. Au-delà du développement assez classique du récit, c’est surtout ici le manque d’épaisseur dramatique du personnage principal qui pose question. Enfermé dans la structure un peu stéréotypée du héros violent accablé par ses traumatismes, le personnage intrigue sans jamais toutefois passionner, condamnant le film à sonner affreusement creux la plupart du temps. En outre, la mécanique métaphorique utilisée par Ramsay pour surligner son propos est trop répétitive et alourdit grandement la fluidité du long-métrage.

[Critique] A Beautiful Day
Finalement, en dehors de la dimension formelle, la principale qualité de ce thriller réside dans l’interprétation magistrale de Joaquin Phoenix. Imposant et charismatique dans la peau de ce vétéran torturé, l’acteur américain délivre, comme à son habitude, une performance saisissante. Dommage cependant que le script bancal ne lui rende pas tout à fait hommage. Aussi bon soit-il, le comédien ne parvient effectivement jamais à élever véritablement le film. Et pourtant, le récit n’est pas dépourvu d’intérêt sur le papier, abordant notamment en filigrane des thématiques captivantes telles que les déchirures de la guerre ou de l’enfance. Par son style et son histoire, il peut aussi compter sur des références encourageantes comme Drive ou Old Boy, par exemple. Malheureusement, une fois encore, le traitement est tel que ce qui aurait pu fasciner laisse en définitive assez indifférent. A trop vouloir complexifier un récit qui ne brille définitivement pas par sa profondeur, Lynne Ramsay empêche en effet qu’on s’y intéresse vraiment, annihilant toute forme de passion pour le parcours émotionnel du héros. Malgré tout, il faut lui reconnaître un vrai talent pour distiller efficacement ses révélations.

Sans rien enlever à ses évidentes qualités formelles, A Beautiful Day peine donc à convaincre sur la durée, sonnant affreusement creux la plupart du temps. Plombé par un scénario manquant cruellement de consistance, le film ne peut compter que sur la prestation magistrale de Joaquin Phoenix pour maintenir un semblant d’intérêt pendant 90 minutes.



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