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Phantom of the Paradise. Du style avant toute chose

Par Balndorn
Phantom of the Paradise. Du style avant toute chose
Revenant sur sa carrière, Brian de Palma évoque dans le nouveau coffret livre/DVD paru chez Carlotta son apprentissage de la « grammaire cinématographique » chez Alfred Hitchcock. Ses premiers films portent la marque du maître, en même temps qu’une boulimie stylistique remarquable. Revenons ici sur Phantom of the paradise, l’un des films les plus géniaux de De Palma, considéré comme un exceptionnel exercice de style.
Le cinéma, art total
De l’adaptation du Fantôme de l’Opéra (roman de Gaston Leroux) par Brian De Palma, on retient surtout la frénésie audiovisuelle. L’histoire, faustienne, du compositeur Winslow (William Finley) offrant sa cantate, l’œuvre de sa vie, au démoniaque producteur Swan (Paul Williams) afin de protéger Phoenix à la belle voix (Jessica Harper) a pourtant son charme ; mais la truculence des effets de style sublime le récit et l’amène à un degré inaccessible à la narration.Écran partagé, zoom, gros plans fulgurants : il semble que le jeune De Palma déploie l’intégralité du vocabulaire proprement cinématographique, précisément pour distinguer le septième art des autres arts narratifs (littérature et théâtre) et plastiques. Une sorte de démence agite la mise en scène, et culmine lors du spectacle final pour l’inauguration du Paradise de Swan. Lors de cette séquence incroyable où la rock-star Beef (Gerrit Graham), au maquillage aussi chargé que Kiss, enflamme la salle et découpe des bras à grands coups de guitare-hache, le cinéma révèle toute sa puissance : il est par excellence l’art total rêvé par Wagner, l’art qui réunit et transcende tous les arts réunis, dans une gigantesque folie spectaculaire. À chaque plan, quelque chose d’ahurissant. Comme si, toujours insatisfait, le cinéma poussait toujours plus loin sa démesure créative, en quête – mais de quoi, sinon d’une quête elle-même ?
Du cinéma comme rituel dionysiaque
De Palma se revendique de Hitchcock, et on catégorise souvent ses films comme des resucées du grand réalisateur ? Certes, il aura appris la valeur de chaque effet audiovisuel auprès de lui. Mais Phantom of the paradise est loin, bien loin des apolliniens Vertigo, Les Oiseaux ou encore Fenêtre sur cour, où l’intelligence de la mise en scène équivaut à de la retenue stylistique. Pour ses films fantastiques (Phantom of the paradise, plus tard Carrie au bal du Diable), De Palma lorgne plutôt vers l’art dionysiaque. Comme au cours d’un rituel mystique, De Palma trempe sa classique « grammaire cinématographique » dans le bouillon délirant de Dionysos, enivre son art et le fait basculer dans la transe.Est-ce pour autant un vain exercice de style ? Que non ! Disciple virtuose, De Palma déroule la gamme des moyens stylistiques pour en montrer les infinies possibilités. Autant de puissances latentes, qui n’attendent qu’un auteur audacieux pour inventer de nouvelles manières de les employer.Phantom of the Paradise. Du style avant toute chose
Phantom of the paradise, Brian De Palma, 1974Maxime

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