Ce livre a une histoire. Je l'ai trouvé dans la maigre bibliothèque familiale, alors que j'avais cinq minutes à tuer. C'était le jour de la remise du prix Goncourt. Et j'ai été surpris de voir qu'il était dédicacé à une de mes tantes "si charmante" (on dit que ma tante, qui avait alors 19 ans, était la "plus jolie fille du bourg") ; et que l'auteur s'était enfoncé, pour cela, dans le coeur des ténèbres, en Corrèze profonde. Mais ce n'était pas fini. Wikipedia m'a appris qu'il était prix Goncourt 1950 ! Et qu'il a vaincu Marguerite Duras. Pourquoi n'en parle-t-on plus ? Parce qu'en ces temps, le Goncourt faisait gagner beaucoup d'argent. Et qu'avec cet argent, Paul Colin a acheté une ferme. Et qu'il n'a publié un autre livre que dix ans plus tard. (Une émission de télévision, traitant du prix Goncourt, l'a retrouvé, en 1970, dans sa ferme.)Celui-ci montre à quel point notre société a évolué. Car c'est l'antithèse de la pensée dominante actuellement. C'est une sorte de "Bonheur fou", à la Giono. Une ode à la gloire du mâle exceptionnel, qui dompte les êtres inférieurs, la femme, la nature. Ce faisant il donne un sens à leur vie. Et ils lui rendent un amour, aveugle. L'existence de l'auteur s'est voulue, semble-t-il, conforme à son oeuvre.
