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Corto Maltese T13, sous le soleil de Minuit - la chronique clair-obscure...

Publié le 01 décembre 2017 par 7bd @7BD
Couverture de Corto Maltese T13 Sous le soleil de Minuit de Canales Diaz et Pellejero chez Casterman  Série : Corto Maltese Titre : T13 Sous le Soleil de Minuit Auteurs : Juan Diaz Canales (scénario) et Ruben Pellejero (dessin) Editeur : Casterman Année : 2015 Pages : 88 Résumé : Corto Maltese et Raspoutine glissent en traineau dans le grand Nord. Vers où ? Est-ce important ? Après une nuit frigorifiante, voilà Raspoutine qui décède, congelé. Mais il a fait promettre à Corto de ne pas le laisser mourir dans la neige et le marin se retrouve avec une lourde charge, se traîner le corps de Raspoutine vers des contrées plus chaudes. Mais ce beau projet de vie va être interrompu à peine entamé que des cris de rage lointains vont venir perturber. Mon avis : Tout démarre avec un poème de Robert W. Service et tout finit à la lueur dansante d'un réverbère. Entre les deux, Corto aura traîné ses basques d'un bout à l'autre de l'Amérique du Nord. Quelques indices nous donnent la date de 1915. La guerre déchire l'Europe mais l'Amérique semble encore loin de ce conflit. Même si ces échos font parfois tinter les oreilles du Maltais, plutôt en mal qu'en bien, tout au long de cette épopée. Sous le soleil de Minuit est le treizième album de Corto. Chiffre évocateur de bonheur ou de malheur, mais surtout car il marque la reprise de la série par Diaz-Canales et Pellejero. Le premier a officié au scénario du célèbre Blacksad et le second au dessin des aventures de Dieter Lumpen. Cette rencontre était prometteuse de bonnes nouvelles. Effectivement, ce nouveau Corto nous replonge dans l'univers du Maltais. On retrouve les personnages atypiques, l'ambiance éthérée, le style graphique particulier, même si on est proche et néanmoins loin du style de Hugo Pratt. L'histoire riche mélange réalité et fiction, comme savait le faire Pratt. Mais j'ai l'impression qu'il manque quelque chose, un petit rien évanescent, une touche de magie. Juste cette petite touche de magie que l'onirisme apportait dans les tomes précédents et qui me semble accrochée pus qu'intégrée dans cette aventure. Je ne peux trop en dire sans dévoiler une des petites surprises de cette histoire. L'aventure, le voyage, l'histoire, tout est là, enfin, à mes yeux, la majorité des ingrédients de Corto. Il manque la touche de magie. Mais les deux auteurs ont sorti un nouveau Corto, le tome quatorze, et je serai curieux de savoir s'ils ont trouvé une solution à ce petit souci.
Ce qui soulève une autre question : Pourquoi relancer Corto ? Une question gimmick qui concerne Blake et Mortimer, Boule et Bill, les Schroumpfs, Lucky Luke, Achille Talon et quelques autres. Un objectif financier ? Le besoin de faire revivre un personnage pour attirer les jeunes lecteurs qui n'auraient pas connu Corto ? Il est vrai que ces grandes licences permettent de ramener de l'argent et donc d'éditer des jeunes auteurs ou des nouveaux projets. Je ne peux donc pas cracher dans la soupe car sans Blake et Mortimer peut-être n'aurions-nous pas accès à des petites nouveautés dont on parle quelques fois ici. Mais je n'ai pas de manque sur ces personnages-là. En fait, pour moi, il s'agit de personnages et non de marques ou de licences. D'œuvres d'auteurs et non de produits déclinables à volonté. J'ai du mal à imaginer un auteur d'aujourd'hui écrire la suite de la comédie humaine ou des Rougon-Macquart. Comme j'avais du mal à imaginer que ce soit possible de lire un nouveau Corto ou Blake et Mortimer, leurs auteurs respectifs n'étant plus parmi nous. Mais je me trompais ! Bon, d'accord pour la continuation, mais pourquoi vouloir coller absolument au style de l'auteur. Pourquoi ne pas assumer complètement et ouvrir de nouvelles portes, comme le fait Spirou, par exemple, où l'on peut identifier au dessin les dessinateurs qui l'ont repris en main ? Sans doute, mon avis n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de tous ceux qui se sont exprimés sur le sujet et je ne prétends pas détenir la solution. Aussi, ne nous attardons pas et parlons du graphisme de ce nouveau Corto. Page couleur de Corto Maltese T13 Sous le soleil de Minuit de Canales Diaz et Pellejero chez Casterman La couleur présente mais pas marquante sur cette page. Un beau dosage On se place dans la lignée du style de Pratt. Mais quand on lit Dieter Lumpen, on comprend pourquoi Pellejero a repris les pinceaux. Il était déjà par l'esprit et le trait dans la lignée de Pratt. Cela a dû être un vrai plaisir pour lui de mettre la main aux couleurs et aux dessins du célèbre marin. Les silhouettes esquissées sont bien là, les contre-jours, les feux de bois, les gestes rigides des combats, les crack des fusils et même les couleurs. Bien que parfois, on a l'impression de dégradé numériques sur certains ciels et non d'aplats (numériques ou pas d'ailleurs, pas grave). Je n'ai pas lu la version noir et blanc. D'ailleurs, j'ai découvert Corto tout petit en noir et blanc et j'ai vraiment plongé dans cet univers avec les tomes en couleurs. Du coup, je n'appartiens pas aux puristes qui prêtent au Maltais une essence intrinsèquement noir et blanc, mais je les comprends.
Page noir et blanc de Corto Maltese T13 Sous le soleil de Minuit de Canales Diaz et Pellejero chez Casterman  Et la version noir et blanc d'une autre page. Profitez de Ras, il n'est pas à pour longtemps.
Les décors sont autant de brins de pailles agencés pour former des villes, des paysages, et leur donner corps. La composition des planches reprend le schéma de une à trois bandes formées de une à trois cases. La présence du noir fait vite comprendre que la version noir et blanc retrouve ses aplats d'encre chers à Pratt. Le découpage des cases permet ce jeu sur les personnages et les couleurs, sur la présence et l'absence. Et ne laisse jamais perdu. Oui Pellejero dessine en gardant les codes de Pratt, mais ces codes, il les a absorbés au cours des années et il semble nous les restituer sans effort, comme si le moule créé s'adaptait à lui plus que l'inverse. Et tant mieux pour nous. Alors oui, j'ai envie de lire le quatorzième tome de Corto, sorti il y a peu mais j'ai aussi envie de relire des vieilles aventures du Maltais car Corto n'est pas juste un aventurier, il est aussi un rêveur. Et ce tome semble planter ce point pour l'évacuer tout aussi rapidement et ne garder que l'aventure. 
Couverture noir et blanc de Corto Maltese T13 Sous le soleil de Minuit de Canales Diaz et Pellejero chez Casterman
La couverture Noir et Blanc, à l'inverse de la couverture couleur, nous montre le visage de Corto. Une part de mystère perdu... Pour finir, élément fort sympathique de ce nouveau cru : La page de garde présentant une planisphère de la terre et plaçant géographiquement les aventures précédentes de notre marin. Petit délice... Si vous aimez Corto, vous serez peut-être un peu désappointé avec ce nouvel opus, vous vous sentirez en recherche de quelque chose que vous ne trouverez pas au fil des pages, mais ce sentiment là, gardez-le précieusement au fond de vous car c'est sans doute celui qui anime Corto Maltese depuis de bien longues années et qui le pousse sur les mers du monde. En cela, quelque part, Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero nous ont finalement donné un petit peu de magie... Zéda le Maltais rencontre Corto Maltese ! Corto Maltese T13, sous le soleil de Minuit - la chronique clair-obscure... David
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