Banderille n°241 : Sarkozy a le cuche en feu

La garde meurt, mais ne se rend pas

La démission du général Cuche est une absurdité. On l’aura compris, la surmédiatisation du « drame de Carcassonne » a occulté un accident somme toute assez stupide : un militaire a oublié des munitions dans sa poche, et dans le feu de l’action, a commis l’erreur de les utiliser, causant par là-même de terribles dommages.

Le bouillon politique (« bouillon d’inculture ») a immédiatement été porté à ébullition, le ministre de la Défense, puis surtout le Président de la République ouvrant bien fort leurs gueules respectives : « Le président de la République, comme il l’a annoncé, suit avec attention les différentes enquêtes en cours« , soulignait l’Elysée dans son communiqué. « Il entend que les armées en tirent toutes les conséquences quant à leur organisation et leur fonctionnement. » Selon le site internet du Point, qui ne cite pas ses sources, Nicolas Sarkozy aurait décidé de supprimer tous les officiers généraux de la promotion de la Légion d’honneur et d’ajourner les nominations de généraux prévues au Conseil des ministres de mercredi.

Moralité : le Général Cuche, à deux mois de la quille, a joué un sale tour à la Présidence de la République en la prenant au mot et en remettant sa démission du fusible-pas-nécessaire. Bien vu : il pourra partir en vacances 5 semaines dès cette année au lieu d’attendre l’an prochain.

Tir à balles réelles sur l’Elysée

Que le chef d’Etat major de l’armée démissionne parce qu’un soldat a confondu des munitions et des balles à blanc, on en est confondu d’incrédulité. L’ampleur de la réaction militaire contraste avec le caractère relativement insignifiant du fait.

En réalité, Sarkozy paye là son manque de discernement et de hiérarchisation dans ses interventions, des propos très blessants, et une réforme « mal concertée » des armées : les cicatrices du livre blanc sont encore purulentes. Je le soupçonne d’avoir voulu exploiter la tragédie de Carcassonne pour faire payer à l’armée l’épisode Surcouf.

Cuche est comme une abeille (de ruche) : il peut piquer en une fois, mais meurt aussitôt. C’est ce qu’il a fait, rendant pour le coup dérisoire et pitoyable les grandiloquentes déclarations du chateau. Il faut à mon sens arrêter de chercher des causes structurelles aux accidents malheureux, des « responsables », c’est à dire bien souvent des bouc-émissaires, une spécialité de notre grand schtroumpf.

Toute les abeilles ne meurent pas à cause de Régent. Notre souverain devrait regarder d’un oeil inquiet celle qui vient de vrombir à France Télévisions.

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