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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 256

Publié le 03 décembre 2017 par Antropologia

Dé-stabilité

Il  semblerait   que  les  commerces  soient  à  la (grande) ville  ce que  les champignons sont  à la forêt.  Sauf que  pour les seconds  on sait les conditions qui les font  surgir dans des endroits précis  et connus par les cueilleurs. Mais  la métaphore fonctionne par contre quant  à la soudaineté de la pousse.

Les habitants du centre-ville ont en effet l’impression de vivre dans un paysage constamment mouvant, chaque  jour leur environnement quotidien, leur rue par exemple, se  modifie à une vitesse affolante à moins qu’ils ne soient plus en capacité d’être attentifs au jour  le  jour à  des transformations plus lentes. Monde  éphémère  qui nous fait perdre nos repères… L’étrange sensation que des hordes d’agenceurs s’activent la nuit  pour  disparaître au petit matin s’installe.

Il y a eu  les enseignes de téléphonie, les cigarettes  électroniques, les coques de portables, les ustensiles de cuisine, les savons  artisanaux…  Tiens, l’injonction hygiéniste a d’ailleurs disparu : où sont passées les boutiques de savons ?

Aujourd’hui la décoration  et le gadget  semblent tenir la corde, les boutiques de créateurs associés fleurissent (il n’y a décidément plus de saisons…) jusqu’à l’épuisement  supposé du  marché, et ensuite ? L’aménagement des toilettes ? Les lunettes  en fourrure, les trônes molletonnés, les balayettes en fibres,  les chasses-laser ?

Contre le trouble, le marketing  joue  cependant  la  transparence : autre tendance, il faut montrer les  employés ou les artisans au  travail, dans les  restaurants, les boulangeries, les  boutiques  de lunettes low cost… les aquariums se multiplient. Donne-t-on à  voir, à surveiller ou vend-on de l’illusion ?

Colette Milhé



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