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Rosetta perce les secrets de la poussière de la comète Tchouri

Publié le 05 décembre 2017 par Pyxmalion @pyxmalion

L'analyse des poussières éjectées par Tchouri montre combien la comète est riche en matière organique macromoléculaire.

La vie sur Terre viendrait-elle de l'espace ? Les scientifiques mènent l'enquête, suspectant en tout cas, les comètes d'y avoir contribué après la naissance de notre monde.

Une nouvelle étude qui vient de paraître dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society révèle combien les comètes sont riches en carbone, dont une grande partie est sous forme de matière organique macromoléculaire. Aussi, les comètes qui pleuvaient en grand nombre sur les planètes du Système solaire interne, notamment lors du Grand bombardement tardif - il y a plus de 3,9 milliards d'années -, auraient donc pu participé à l'éclosion de la vie sur Terre... et aussi ailleurs, en particulier sur Mars (nous en saurons plus à ce sujet bientôt, avec les missions Mars 2020 et ExoMars).

Grâce à la sonde Rosetta qui a scruté la comète 67P/Tchouryumov-Gerasimenko - alias Tchouri - sous toutes coutures durant deux années entières dans son périple orbital de cinq ans et demi autour du Soleil, les chercheurs de différentes disciplines on pu en apprendre énormément sur la structure et le comportement de ces corps glacés venus de très loin et considérés comme de véritables fossiles de la formation du Système solaire.

Très sombre, à l'instar de ce qu'avait vu en 1986 la sonde Giotto qui s'était lancée à la poursuite de la fameuse comète de Halley, Tchouri est apparue aux yeux des chercheurs, riche en carbone. Ne restait plus qu'à profiter de la présence sur place de la sonde européenne, si près d'un noyau cométaire pour analyser cette matière mélangée aux glaces, et à la quantifier. Une tâche en partie dévolue à l'instrument Cosima ( Cometary Secondary Ion Mass Analyser).

Tchouri est l'un des corps les plus riches en carbone du Système solaire

Au total, pas moins de 35.000 grains de poussière éjectés du noyau cométaire furent collectés en l'espace de deux ans (le plus petit mesure 0,01 mm et le plus grand, 1 mm). Pour cette étude, l'équipe en a sélectionné une trentaine interceptés à différents moments de la mission et de tailles variables.

Les analyses avec le spectromètre de masse de Rosetta ont montré que " la composition de tous ces grains est très similaire ", comme l'a souligné Martin Hilchenbach qui dirige l'équipe de Cosima. Ils sont représentatifs de la matière qui compose le noyau de Tchouri, ont-ils indiqué. À travers ces échantillons, les chercheurs ont découvert que la matière organique compose près de la moitié (45 %) de la matière cométaire solide. " La comète de Rosetta appartient aux corps les plus riches en carbone que nous connaissons dans le Système solaire ", a relevé Oliver Stenzel, l'un des membres de l'équipe. Le rapport d'abondance Carbone sur Silicium (C/Si) est d'ailleurs très proche de celui du Soleil.

Et pour les 55 % restants, de quoi s'agit-il ? Les recherches indiquent qu'il s'agit de minéraux non hydratés, essentiellement des silicates. Si peu de minéraux hydratés sont interprétés par les scientifiques comme un indice que l'astre contient beaucoup de matière demeurée vierge, conservée intacte durant des milliards d'années dans le congélateur des confins du Système solaire... Ce qu'elle renferme reflète donc la composition de la nébuleuse primitive ; ses ingrédients se sont en quelque sorte " cristallisés " dans ce corps glacé, et les dizaines de milliards d'autres qui peuplent les marges de notre système planétaire.

De précédentes recherches avaient révélé il y a un an que Tchouri était riche en matériau carboné macromoléculaire. On sait à présent que celui-ci compte pour près de la moitié de la matière organique du noyau cométaire. " En conséquence, si les comètes ont joué un rôle dans l'apparition de la vie sur notre planète en y apportant en particulier de la matière riche en carbone, c'est sous cette forme macromoléculaire complexe qu'elle y aura été essentiellement délivrée ", conclut le CNRS dans son communiqué.

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