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Will (Saison 1, 10 épisodes) : anachronie d'un artiste

Publié le 06 décembre 2017 par Delromainzika @cabreakingnews


Cet été, TNT a proposé Will, une série passée complètement inaperçue. Et pour cause, les audiences n’ont pas été à la hauteur et TNT a annulé la série en septembre dernier après une saison. Mais ma curiosité maladive m’a fait aller au delà du premier épisode. Pour tenter de changer un peu son offre en termes de fictions, TNT s’offre ici une série inspirée de la jeunesse de William Shakespeare. Sauf que Will est très loin du vrai écrivain et dramaturge britannique. Très loin. Au fil des épisodes, la série s’entiche alors de tous les poncifs de la série d’époque sur la jeunesse d’une personnalité connue. Je pense que dans un monde complètement différent, Will n’aurait jamais du être commandée par la chaîne mais l’on semble voir qu’à l’air de la surproduction télévisuelle, les chaînes aiment être masochistes et flageller leurs téléspectateurs d’étron cosmiques. Vous allez me dire, pourquoi avoir été au delà du premier épisode qui démontrait un certain potentiel. Après tout, même si la série n’est pas forcément très proche de la réalité, elle aurait pu devenir fun et agréable à suivre dans des circonstances complètement différentes. Sauf qu’il n’en est rien de tout ça. Will c’est la réinvention de la vie de Shakespeare en utilisant tout ce qui peut être le plus détestable.

Je pense notamment aux clichés qui entourent la vie de William Shakespeare et qui sont poussés ici à leurs paroxysmes. Certains épisodes deviennent alors plutôt drôles sans le vouloir, alors que dès que Will s’essaye à l’humour, cela retombe souvent comme un soufflé. Les hérésies culturelles sont légions dans le monde des séries, et Will ne déroge pas à la règle. Si le projet était bancal sur le papier, je pense qu’il y avait vraiment un potentiel pour rendre le tout beaucoup plus fun. Notamment si le but n’était pas de raconter la jeunesse d’une personnalité connue, mais de s’en inspirer afin de raconter un destin fictif. Autre problème dans Will, c’est bien évidemment la vision américaine des choses. Si les britanniques auraient sûrement fait un truc un peu mieux ficelés, les américains imaginent alors un Londres de l’époque comme un Los Angeles en plein âge d’or à Hollywood. C’est coloré, très coloré, très lumineux alors que le Londres de l’époque est bien loin de tout ça. Parce que Shakespeare ce n’est pas suffisant, Will ajoute alors en filigrane dans son histoire une guerre des religions afin de nous rappeler le passé (et aussi que l’on est bien dans une série d’époque). Sauf que la véracité des choses est loin et les faux semblants ne parviennent pas à nous faire oublier le reste.

C’est donc à se demander comment on peut faire un truc pareil. Au delà de la véracité historique que Will ne cherche jamais vraiment, la série ose un mélange de chansons pop-rock anachroniques, un peu comme ce que Reign sur The CW a déjà pu faire (mais en beaucoup mieux). Le fait que les scénaristes rêvent un Shakespeare jeune, beau et plein de ressources est un truc que je ne comprends pas. Pourquoi Shakespeare doit-il être fringant et séducteur, beau-gosse et tout ce qui va avec ? Ce que je ne comprend pas vraiment là dedans c’est que Shakespeare in Love semblait bien plus intéressant sur l’écrivain que tous les trucs que j’ai pu voir du genre jusqu’à présent dans cette première saison de Will. Du coup, la première saison de Will n’est pas spécialement brillante, pas passionnante pour un sou et très étrange sous bien des aspects. On assiste alors bien souvent a des sortes de parodies nanardesques de tout un tas de choses pas spécialement brillantes alors qu’il y avait largement de quoi faire sur Shakespeare pour ne pas tomber dans ce genre d’écueil ratés. Tout ne peut pas ressembler à Reign de The CW. Cette dernière a réussi un tour de force que peu de séries réussiront forcément maintenant.

Note : 2/10. En bref, laissez Shakespeare tranquille très chers amerloques.


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