… de conscience.
Au milieu de banalités toutes les unes plus grosses que les autres, un passage obligatoire essayait de frayer un chemin de compréhension dans les peines et servitudes de la « régulation » des Samu-Centre 15.
Le rédacteur signalait que la régulation était le « crible » grâce auquel on peut trier, hiérarchiser les cas. Il notait que « cet acte demeurait un acte médical à part entière, permettant, en fonction de la gravité de recourir à l’un plutôt qu’à l’autre des moyens techniques disponibles », des banalités vous dis-je, contestables mais répandues et admises.
Le dossier aborde les difficultés de cette régulation, avec en particulier l’afflux d’appels après 18h et pendant les week-end, sans signaler que ces moments coïncident avec la fermeture des cabinets de ville et avec “la pratique de la génération 35h” en vogue aussi dans le milieu médical. Et pourquoi pas ?
Mais le Dr “Communiquant”, ne regardant que la paille en oubliant la poutre, nous explique que cet afflux n’a rien d’étonnant : « La publicité faite sur le 15, dit-il, aurait dû s’accompagner dès le départ de campagnes d’information et d’éducation incitant la population à l’utiliser qu’à bon escient. » … La mémoire est vraiment courte : reprocher une timidité informative alors qu’il y a peu (15 ans) on a lutté bec et ongles contre les Samu-Centre 15 en s’en gaussant et que l’on continue souvent à entretenir le “mépris” sur l’acte de régulation est un peu “gonflé” de la part de ceux qui, le plus souvent, refusent de s’y associer pour l’améliorer. Quant à la publicité du 15 ! parlons-en. Il n’y a pas mieux pour générer les appels que de laisser sur votre répondeur professionnel en permanence : « En cas d’urgence, faites le 15 » !
Le Dr “Communiquant” ne s’embarrasse pas de toutes ces considérations puisqu’il affirme péremptoire : « Il est impératif de mieux organiser les soins en amont pour éviter ensuite de recourir aux urgences. Il nous faut innover en mettant en place des moyens de transports légers. » Innover dit-il ? Cette solution que j’avais moi-même proposée il y a plus de 20 ans dans mon département, n’avait reçu que des sourires polis et des lazzis de couloir.
Décidément pour faire un diagnostic de qualité et mettre un bon traitement en place, il faut d’abord savoir observer les signes et les bien interpréter. Ne discerner que ceux qui vous plaisent et qui sont en faveur du diagnostic que vous avez posé à priori n’est pas la meilleure des pratiques ni la bonne manière d’adopter un bon traitement. Les “libéraux” ne sont après tout que des “salariés” déguisés, tant il est vrai que la sécu demeure leur bailleur. Participant ainsi au service public par les “recettes”, ils devraient en assumer aussi les contraintes. L’organisation des gardes médicales fondée sur le volontariat n’est plus de mise, elle devrait devenir obligatoire sur la base d’une répartition territoriale cohérente avec une participation également obligatoire à cette fameuse “régulation”. Cet effort correctement assumé se devrait d’être honoré à sa juste valeur. Quel qu’en soit le prix, même élevé, on serait encore très loin des coûts engendrés par les carences actuelles.